Ultimes sourires. Eve a 26 ans. Elle a étudié l'histoire de l'art à Oxford et se retrouve serveuse à Londres. Elle est en location chez un couple d'actifs propriétaires à qui tout semble sourire, ce qui forme un net contraste avec sa propre existence. Elle est depuis trop longtemps occupée à se débattre avec son quotidien pour savoir prendre soin d'elle. L'angoisse et la mélancolie la conduisent à s'arracher les peaux autour des ongles en permanence. Son manque de confiance en elle et l'autodénigrement la laissent sans défense face aux desiderata des hommes de son entourage.
La critique d'art britannique Chloë Ashby décrit les affres d'une jeune femme en proie à la dissociation. Alors que sa mère est partie de la maison quand elle était toute petite et que son père, inconsolable depuis, se suicide à petit feu à l'alcool, Eve a aussi connu la disparition soudaine de sa meilleure amie. De temps à autre, des souvenirs ressurgissent et Eve dialogue avec cette amie perdue, entretenant ainsi une relation fantôme, comme elle le fait avec Suzon, ce personnage de serveuse peint par Manet, à qui elle rend visite toutes les semaines à la galerie Courtauld.
Peinture fraîche est roman facile à lire mais loin d'être léger. Il met en scène une jeune femme du XXIe siècle à la vulnérabilité presque dérangeante. Eve aurait sombré dans la dépression si quelques rencontres décisives ne l'en avaient sauvée, lui procurant un soutien qui n'est malheureusement que trop rare quand on évolue en dehors des normes familiales et sociales.