Ses autoportraits font penser à l'univers de Tim Burton et de David Lynch, quelque chose qui relève d'une inquiétante étrangeté, « comme un spectre échappé d'un cauchemar expressionniste allemand », dit justement Eva Bester. Dans cette biographie elle-même expressionniste par son sens de la touche et de l'effet, la productrice et présentatrice de l'émission Remède à la mélancolie sur France Inter nous immerge dans la vie et l'œuvre de Léon Spillaert (1881-1946) qui avait transformé ses maux d'estomac en spleen pictural. Au cœur de cette capitale du songe, Ostende, la ville qui désigne « la fin de l'Est » en flamand, mais qui indique aussi le passage vers un autre territoire, celui du songe dont on ne peut se déprendre. Spillaert n'eut pas le succès de son collègue et ami James Ensor, autre artiste de la ville, mais il eut des collectionneurs prestigieux comme Stefan Zweig. « Spillaert figure la mélancolie, le vertige et les affres inhérents à la condition humaine. » Mais il est aussi l'antidote à ce sentiment habituel d'imperfection qui nous envahit parfois, parce qu'il émerge de cette désolation subtile une poésie qui nous envahit et nous apaise comme une brume matinale, parce que ce vague à l'âme annonce les vagues de la mer du Nord où le regard se perd. Après avoir lu ce portrait inspiré complété par un choix d'œuvres, les lecteurs pourront aller voir en octobre, au Musée d'Orsay, les toiles envoûtantes de ce symboliste de la bile noire.
Léon Spilliaert ou La majesté du vide
AUTREMENT
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 12 € ; 112 PAGES
ISBN: 9782746756403