Émeraude et pourpre. Un petit garçon et sa maman se promènent dans une belle forêt verdoyante où la lumière joue avec les feuillages et les troncs pourpres. L'enfant pose des questions étonnantes sur les arbres, toutes teintées d'un anthropomorphisme certain : se marient-ils et font-ils des enfants ? Vont-ils à l'école ?

Chaque fois, la mère prend soin d'apporter des réponses précises et d'expliquer comment les arbres naissent et grandissent. Mais voilà qu'elle s'arrête dans une jolie clairière en décrétant avoir trouvé l'endroit idéal... Le meilleur selon elle pour y planter un jeune arbre en souvenir du grand-père disparu. De quoi attiser à nouveau la curiosité et aussi une légère inquiétude chez le garçon. Le petit arbre ne sera-t-il pas trop triste s'il est seul ?

Une fois encore la mère sait trouver les mots pour le consoler, lui expliquant qu'un arbre n'est jamais vraiment seul et que la forêt est un peu comme sa famille. Pour sa première incursion en solo dans l'album jeunesse, le dessinateur et scénariste BD Charles Berberian fait mouche. Sa déclaration d'amour aux forêts est émaillée de dialogues vibrant de sensibilité, mais aussi d'humour et de répartie. Le thème de la mort est ici abordé avec délicatesse. Dans une ville un homme meurt, mais dans une forêt un arbre naît, grandit et vit. Une leçon d'optimisme exaltée par la qualité de l'illustration. La forêt selon Berberian est proprement prodigieuse, nimbée d'une incroyable lumière où la palette des bleus verts le dispute à celle des mauves pourpres.