Roman/France 8 janvier Chawki Amari

Il y a les Métamorphoses d'Ovide. Et cet autre classique au même titre, communément appelé l'Ane d'or ; son auteur Apulée est né à M'daourouch dans l'actuelle Algérie. C'est là que nous entraîne Chawki Amari en compagnie d'un trio d'Algérois, fuyant dans les montagnes kabyles, avec dans leur coffre un équidé aux longues oreilles et sans vie. Les protagonistes de L'âne mort sont Lyès, au volant, « rond à petites lunettes et d'une jovialité déconcertante », Mounir, à l'arrière, grand ténébreux, « regard [...] gris noir annonciateur de profondeurs » et Tissam, près du conducteur, belle femme « subtilement nonchalante », jupe courte, pas trop, « un peu de pudeur, on est à Alger, tout de même. »

La veille, au café, ils sont avec leurs compagnons de désœuvrement, comme Amel « 4G », surnommée ainsi pour ses mauvaises idées en haut débit, ou Izouzen passionné de livres et de femmes. Arnaque sur Facebook, chaussettes pour aveugles, chiens jetables, on élabore des plans, mauvais évidemment. A travers son écriture fluide, mariant à sa prose à la poésie chatoyante un sens du dialogue irrésistible (l'écrivain est également caricaturiste et comédien, en plus d'être géologue et journaliste), Chawki Amari ne fait pas que nous embarquer dans une cavale picaresque. Il dresse le portrait d'une société aux forces vives émasculées - nos trois héros sont des biologistes diplômés qui n'ont exercé que des petits boulots. Un tableau du temps bloqué par la chape de plomb du pouvoir, immobile, immuablement rythmé par l'appel de la mosquée, un temps aussi pesant qu'un âne mort.

Chawki Amari
L'âne mort
L’Observatoire
Tirage: 3 500 ex.
Prix: 18 euros ; 176 p.
ISBN: 9791032908969

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