Grande pagaille. La fin du règne brutal et grotesque de Benito Mussolini est une période de profond chaos qui court du 25 juillet 1943, jour de l'arrestation du Duce sur ordre du roi Victor-Emmanuel III, au 12 septembre de la même année où il est libéré par les Allemands avant d'accepter la pathétique république de Salò. C'est durant ce moment dont le cinéaste Luigi Comencini a fait un chef-d'œuvre, La grande pagaille, que Carlo Lucarelli a situé une nouvelle aventure de son héros, le commissaire De Luca. Que l'on compare souvent à Maigret pour la ténacité, la modestie, la taciturnité, le sens de l'observation et de la déduction. Cette fois, le plus fin limier de la police de Bologne est confronté à un puzzle inédit : un cadavre sans tête et une tête qui ne lui correspond pas ! Avec opiniâtreté et un vrai courage, alors que la ville est bombardée, que les fascistes triomphent et signent, après la reprise en mains du pouvoir par les Allemands, l'ordre de déporter les Juifs italiens dans les camps de concentration, il démantèle un réseau de trafiquants de drogue devenus des assassins, composé d'un consul fasciste, d'un fils d'aristocrate débauché, d'un Anglo-maltais, et d'un mystérieux quatrième homme... De Luca risque sa carrière et sa peau, compromet ses amours avec Lorenza, la belle pharmacienne qui l'attend en Suisse, mais rien ne l'arrête. C'est un pitbull méticuleux, autant que Lucarelli dans ses descriptions et son récit, scandé par les unes du Resto del Carlino, le quotidien historique de Bologne.