On fait avec ce qu'on a. Telle pourrait être la devise des enfants antillais d'autrefois, qui, bien avant les écrans, se bricolaient leurs jouets avec ce qu'ils dénichaient sur place. Cet album original recense ces incroyables joujoux créoles. Un dessin au trait noir brut représente l'enfant en train de s'amuser avec le jouet en question, peint en wouj (d'où le titre de l'album). En face un long poème en rimes décrit le jeu, sa fabrication artisanale, et met en scène les enfants en train de s'amuser. Ainsi pour le cerf-volant « Un météore rouge vert et or/A prit son essor...) Vers la fin de l'après-midi/Nous a rejoints le grand Didi /Pour une ultime démonstration/De ses talents d'aviation ». Ces jouets, on les connaît parfois de ce côté de l'Atlantique, comme le cerceau et l'arbalète, mais d'autres sont totalement inconnus ici. Connaissez-vous la yole (la barque à voile traditionnelle), la kawott, (des sortes de fléchettes) ou la popotte (poupée en chiffons traditionnelle) ? Certains jeux familiers portent de beaux noms créoles : la toulite est le jeu des osselets, et le mab', celui des billes. On salue l'habileté de la confection. Les toulites sont faites de « galets de rivière/qu'on ramasse dans la poussière ». Le cha-cha (percussion constituée d'une calebasse), d'« une bombe de Fly-Tox évidée / De graines de toloman séchée ». Le vieux yoyo, lui, on l'« avait martelé à plat/ dans une capsule Royal Soda ». Les bwa-bwa sont de magnifiques marionnettes végétales. Et d'un vieux tonneau, « complètement pourri fatigué/imbibé d'une odeur de rhum/de sirop et de sueur d'homme », hop !, on fait un tambour. La récup' hissée au rang d'art brut. Fabienne Jacob