Foire du livre de Brive 2024

Prix de la langue française : Abdellah Taïa, lauréat d'outre-France

Le Prix de la langue française et seulement de la langue française. Avec son jury constitué de membre de l'Académie française, comme de l'Académie Goncourt et d'ailleurs si l'on peut dire (Laure Adler du Décembre, Éric Neuhoff de l'Interallié, Alain Mabanckou d'aucun autre prix, ce qui ne court pas les rues), le Prix de la langue française est remis chaque année lors de la Foire de Brive à un auteur qui écrit dans un beau français. Autofiction ou romanesque, parisianisme ou régionalisme (si tant est que l'un soit l'inverse de l'autre) ou littérature d'outre-mer et d'outre-monde, personnalité vénérée ou auteur hors des sentiers balisés s'y succèdent avec bonheur comme si la principale intention du jury était de s'étonner lui-même.

Il est ainsi revenu par le passé à Alain Rey, Pierre Assouline ou Bernard Pivot, ce qui pourrait faire penser que c'est le prix des pairs de la République des lettres. Mais aussi à Michel Jobert et Dominique de Villepin ce qui pourrait vouloir dire que c'est un prix de pairs de la République tout court. À moins que ce soit un prix d'avant-garde (Pierre Bergounioux, Pierre Guyotat, Hélène Cixous) ou celui de l'écriture de soi (Jean Rolin, Annie Ernaux, Emmanuel Carrère). Depuis trois ans en tout cas, c'est le prix du français d'ailleurs, attribué à des écrivains qui enrichissent la langue d'autres points de vue. Nathacha Appanah et Ananda Devi, lauréates respectivement en 2022 et 2023, ont en commun d'être des autrices mauriciennes vivant dans l'Hexagone, un pied dans chaque monde. 

Alors qu'Abdellah Taïa, lauréat, raconte cette année avec Le bastion des larmes (Julliard) son retour au pays natal, le Maroc. Le français en main, comme arme de son autonomie, lui qui, comme il l'explique dans son éditorial, voulait « maîtriser la langue française, la dominer, pour pouvoir aller étudier le cinéma à Paris. » Et y est finalement devenu écrivain. Pour le maire de Brive, Frédéric Soulier, « le Prix ne défend pas uniquement l'universalité de la langue française. Il vient récompenser des auteurs profondément ancrés dans leur temps. » Maintenant que les livres de Miguel Bonnefoy, Kamel Daoud et Gaël Faye sont sur toutes les tables, voici venu le temps du français-monde, à l'image d'Abdellah Taïa, également lauréat du prix Décembre cette année.

 

Prix Mallarmé

À l'initiative des écrivains et poètes de l'Académie Mallarmé depuis 1976, ce grand prix de poésie récompense, pour l'ensemble de son œuvre, un poète francophone qui a composé un recueil dans l'année. Il est doté d'un montant de 3800 euros par la ville de Brive, qui offre également un mois de résidence d'écriture au lauréat. Le prix 2024 revient à Alain Breton pour Je ne rendrai pas le feu, paru en janvier 2024 aux éditions Les Hommes sans épaules. Poète et éditeur des éditions Librairie-Galerie Racine, Alain Breton est l'auteur de douze livres de poèmes auxquels s'ajoutent cinq ouvrages publiés chez Cheyne éditeur, sous le nom de Jacques Aramburu.

 

Prix des lecteurs de la ville de Brive

Organisé par la médiathèque briviste depuis 2006, le Prix des lecteurs de la ville de Brive récompense un roman français de la saison littéraire. Il prend en compte les propositions des lecteurs de l'établissement qui ont partagé leurs coups de cœur durant l'année. Le jury se compose également de lecteurs adultes volontaires qui ont décidé de distinguer Marion Brunet pour son roman Nos armes, publié chez Albin Michel. En 1997, les deux étudiantes militantes idéalistes et amoureuses, Mano et Axelle, se font séparer après un braquage qui tourne mal. Après vingt-cinq ans de prison, Axelle part à la recherche de sa camarade perdue qui a jadis échappé aux barreaux. 

 

Prix « Tu l'as lu ? » Crédit Agricole Centre france

Ce prix est destiné à un public adolescent afin de le sensibiliser à la lecture. Il distingue deux auteurs d'expression française s'adressant aux tranches d'âge 12-14 ans (collégiens) et 15-17 ans (lycéens). Les jeunes brivistes lisent la sélection pendant l'été et se réunissent à la rentrée avec des bibliothécaires et des documentalistes afin d'élire les lauréats. Amélie Antoine remporte le prix des 12-14 pour Ne vois-tu rien venir ?, paru aux éditions Syros. Un roman engagé portant sur le mécanisme du harcèlement scolaire. En parallèle, Elise Fontaine reçoit le prix des 15-17 pour Missak et Mélinée : une histoire de l'affiche rouge, publié aux éditions Rouergue. Ce roman explore les personnages de Missak et Mélinée Manouchian, entrés au Panthéon en février 2024, l'histoire d'un couple-poète de résistants arméniens durant la Seconde Guerre mondiale.

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