14 FÉVRIER - BD France

MATHIEU SAPIN/GALLIMARD

De l'oeuvre de la comtesse de Ségur, publiée en 1859 chez Hachette, Mathieu Sapin a fidèlement conservé l'essentiel du canevas et même de nombreux dialogues. On retrouve aussi dans son adaptation en bande dessinée des Malheurs de Sophie, après celles de 1927 par Rad, alias Maurice Radiguet, et de 1975 par Louis-Michel Carpentier et Jean-Claude Lowenthal (Casterman), la bonne, le château et le grand parc où évoluent l'espiègle fillette de Monsieur et Madame de Réan, l'obéissant cousin Paul et les amies Camille et Madeleine, à l'ombre des leçons de morale de Madame mère. Seules quelques petites retouches (présence discrète de voitures et de téléphones, mention des euros...) en rapprochent le cadre de notre univers du début du XXIe siècle. Pourtant, l'auteur de Supermurgeman (Les Requins marteaux, Dargaud), Journal d'un journal (Delcourt) ou Campagne présidentielle (Dargaud) redonne à un titre longtemps emblématique de la "Bibliothèque rose" une étonnante jeunesse.

Car, par la magie de son dessin très explicite, aux couleurs franches, Mathieu Sapin renforce encore la portée des (grosses) bêtises de Sophie. Elles ne marquent plus seulement la désobéissance d'une fillette turbulente, mais aussi la bravoure d'une sorte d'héroïne trash. Placé au début de l'album, l'épisode des "petits poissons" donne le ton. Armée du petit couteau offert par son père, Sophie se livre d'emblée à un carnage dans l'aquarium de sa mère. Elle saisira ensuite, au risque de mille douleurs et d'implacables châtiments, toutes les occasions d'assouvir sa curiosité en pratiquant les expériences les plus extrêmes. Sous le regard du mystérieux Buseau, auquel Mathieu Sapin a donné ses traits, Sophie saute à pieds joints dans la chaux vive, torture une abeille, manque d'empoisonner ses amies... Au diable la morale !

Les dernières
actualités