L’exposition, la rencontre avec l’auteur, le livre : au centre culturel Una Volta, chaque premier week-end d’avril, BD à Bastia est une valse à trois temps. « Quand quelqu’un va à une exposition sur le travail d’Olivier Douzou, il participe à une rencontre avec l’illustrateur pour la jeunesse, puis va directement acheter son livre à la librairie, tenue par la librairie Album de Bastia, qui ne présente que les œuvres des auteurs invités », détaille Dominique Mattei, la directrice d’Una Volta, à l’origine de la manifestation gratuite qui célébrait ses 20 ans du 4 au 7 avril (voir aussi www.livreshebdo.fr, rubrique Actualités/manifestations).
« L’idée était de poser un acte de médiation culturelle autour du livre en mettant en présence l’auteur, le livre, des images et des rencontres », se souvient la fondatrice de BD à Bastia, lectrice de BD quand elle était enfant, puis de Charlie à l’université. En 1993, trois auteurs, Loustal, Petillon et Wolinski, essuient les plâtres sur deux jours dans les 60 m2 de la cafétéria du centre culturel. « C’était d’emblée très convivial, avec des enfants et des adolescents qui lisaient partout », se souvient Dominique Mattei. Après une visite au Festival d’Angoulême, elle précise son concept pour « soutenir la jeune création » et aborder des « territoires peu explorés ».
Sur un espace étendu à l’ensemble du centre Una Volta et au théâtre municipal mitoyen, la convivialité est restée. Le programme, lui, s’est étoffé. La manifestation a trouvé son rythme en moins de cinq ans. Désormais, autour de dix (belles) expositions consacrées à quelque 30 auteurs, elle accueille chaque année, avec moins de 200 000 euros de budget, plus de 10 000 visiteurs de toute la Corse, et 3 500 scolaires dont la visite prolonge souvent un travail en classe de plusieurs semaines.
Depuis quatre ans, des expositions sont aussi présentées hors les murs. Et, cette année, pour s’installer comme « pôle de référence pour le livre », le centre a lancé, en partenariat avec L’Etudiant, un prix des lycéens qui récompense la BD 3? de Marc-Antoine Mathieu (Delcourt) et le roman Le premier été d’Anne Percin (Rouergue). Dominique Mattei veut « relayer une Corse vivante qui ne se réduit pas aux assassinats et aux grèves de la SNCM ». Fabrice Piault