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Avec le stand «  Lire ça s’écoute  », les éditeurs audio de retour au Festival du livre de Paris

Le livre audio est de retour au Festival du livre de Paris - Photo © Olivier Dion

Avec le stand «  Lire ça s’écoute  », les éditeurs audio de retour au Festival du livre de Paris

Les éditeurs de livres audio font leur retour au Festival du livre de Paris avec une stratégie offensive de visibilité. Sous la bannière « Lire ça s’écoute », 15 éditeurs réunis au sein de la commission livre audio du Syndicat national de l’édition vont proposer d’interagir avec le public pour faire découvrir leur catalogue.

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Par Éric Dupuy
Créé le 09.04.2025 à 16h00

Absents l’an dernier, les éditeurs de livres audio reprennent du service lors du Festival du Livre de Paris, qui s’ouvre ce 11 avril. Avec un stand intitulé « Lire ça s’écoute », quinze membres de la commission SNE du Livre audio entendent bien occuper pleinement l’espace, avec un objectif : rendre leur production plus visible auprès du grand public.

« Ce n’est pas la première fois que nous sommes présents, mais c’est un retour par la grande porte, la nouvelle équipe du Festival du livre de Paris nous a donné une place », affirme Laure Saget, présidente de la commission, qui pilote cette initiative depuis deux ans. Les éditeurs entendent bien cette année combler le déficit de visibilité du secteur audio, encore souvent noyé dans l’ombre des plateformes.

Une présence collective pour exister face aux géants

Le stand « Lire ça s’écoute » regroupe 15 éditeurs majeurs de l’audio (lire par ailleurs) souhaitant affirmer la diversité des lignes éditoriales et rappeler que le livre audio s’adresse à tous les publics.

« L’existence même des éditeurs audio peut s’effacer derrière des distributeurs puissants comme Audible ou Spotify », note la DG d’Audiolib, filiale d’Hachette et d’Albin Michel,  qui est souvent souvent confondue avec Audible, la filiale d'Amazon... « Notre objectif, c’est de montrer qu’il y a des maisons de livres audio qui portent une politique éditoriale forte, avec des productions qu’elles assument et défendent, exactement comme dans l’édition papier », poursuit-elle.

Les quinze marques du stand Lire ça s'écoute

Ce choix d’un stand commun résulte aussi d’une réalité économique : les éditeurs audio, encore trop petits pour disposer chacun de leur propre espace, optent pour la mutualisation. Mais cette configuration n’exclut pas une stratégie de positionnement : le stand est volontairement placé à côté de celui d’Audible, identifiable à son emblématique casque géant. « Audible est notre partenaire, on travaille main dans la main », assure Laure Saget. Une manière d’assumer une cohabitation stratégique tout en affirmant une identité propre.

Le livre audio, un outil de reconquête pour la lecture des jeunes

Depuis l’arrivée du livre audio dans l’offre premium de Spotify, en octobre dernier, le marché a connu une nouvelle phase d’accélération. « C’est un tournant. Spotify a amené de nouveaux auditeurs, sans cannibaliser l’existant. Audible continue de progresser, mais ce qui est frappant, c’est que Spotify a élargi le public », observe Laure Saget. Le phénomène se traduit par une forte consommation de titres de fonds comme Le seigneur des anneaux ou Sapiens et confirme une intuition forte : le livre audio attire aussi ceux qui n’auraient jamais ouvert un livre papier.

Dans un contexte où la dernière étude du Centre national du livre (CNL) pointe une baisse de la lecture, notamment chez les jeunes, le livre audio se positionne aussi comme un outil de reconquête. « Écouter un livre fait moins peur que de le lire. C’est un retour en douceur vers des récits longs et structurés », commente l’éditrice. Cette médiation audio — incarnée par des comédiens-interprètes — favorise l’entrée dans la littérature. « Nous avons vu des lycéens  adorer Le Rouge et le Noir en l’écoutant. Cela change la relation à la lecture », assure-t-elle.

Plus largement, la diversité des genres disponibles – romance, fantasy, littérature classique, thrillers, littérature contemporaine – permet d’attirer des publics différents, sur des territoires plus vastes que le seul livre papier. Un enjeu fort alors que le marché français reste modeste en volume de titres disponibles : « Contrairement au monde anglo-saxon, qui bénéficie d’un marché déjà très développé, les espérances de ventes restent modestes et nous devons financer nos productions avec nos ventes. Le modèle reste fragile, notamment pour les éditeurs indépendants », avance la présidente de la Commission du SNE qui comprend une vingtaine de membres.

Un programme pensé pour la pédagogie et l’expérience

Ainsi, au-delà de la simple présence physique au Festival du livre de Paris, la commission propose un programme dense d’animations destinées à faire vivre l’expérience audio (lire ci-après). Dès le vendredi matin, un « blind test du livre audio » sera proposé à des lycéens sur la scène Eiffel : extraits à deviner, auteurs et comédiens à identifier, dans un format ludique et interactif. « On s’est demandé comment faire comprendre ce qu’est un livre audio. L’écoute, c’est une expérience. Le blind test s’imposait », explique Laure Saget.

Suivront une table ronde dans le cadre du Forum des métiers et des rencontres entre auteurs et comédiens-lecteurs. Agnès Ledig dialoguera ainsi dimanche avec François-Éric Gendron, qui a prêté sa voix à l’un de ses romans. « C’est la première fois qu’on réussit à intégrer le programme officiel. C’est un vrai signal », se félicite Laure Saget.

Un bar d’écoute pour démocratiser la pratique

Pour toucher le grand public, le stand propose également un bar d’écoute. Munis de casques, les visiteurs pourront s’immerger dans les extraits de toutes les maisons présentes via des playlists. Aucun produit n’y sera vendu : l’objectif est avant tout la pédagogie et la découverte.

Cette stratégie globale s’inscrit dans un mouvement de fond : faire du livre audio un format reconnu, assumé, identifié par les professionnels comme par les lecteurs. Le marché, en croissance constante ces dernières années, peine encore à stabiliser ses modèles économiques face à la domination des plateformes. Mais les éditeurs entendent bien affirmer leur rôle structurant dans l’écosystème.

« On veut que les gens sachent que derrière une voix, il y a un éditeur, une sélection, une production ». Le message est clair : au Festival du livre de Paris, le livre audio parle enfin en son nom propre.

Le programme du stand Lire ça s'écoute

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