9 mai > BD Belgique

Grand reporter à la RTBF, la radio-télévision belge, Pascale Bourgaux s’est rendue de nombreuses fois en Afghanistan depuis 2001. Elle y a notamment sympathisé avec Mamour Hasan, un seigneur de guerre ouzbek du nord du pays, ses trois femmes et ses enfants. En mars 2010, elle s’envole à nouveau pour Kaboul, accompagnée d’un jeune caméraman, pour aller le revoir dans son fief de Dasht-e Qalah. C’est cette expédition à haut risque qu’elle raconte, à la première personne, en bande dessinée, sur un scénario signé avec Zabus tandis que Campi a réalisé les dessins.

Dix ans après que les talibans ont été chassés du pouvoir, l’Afghanistan, gangrené par la corruption qui détourne l’aide occidentale, a bien changé, et pas forcément en bien. La situation sécuritaire s’est dégradée. Des régions entières se trouvent paupérisées. Le discrédit occidental, nourri par les bavures militaires, contribue à un retour en grâce des talibans.

Les larmes du seigneur afghan ne constitue pourtant pas un ouvrage d’analyse, mais bien un reportage, au ras du sol et des hommes et des femmes qui le foulent. Il livre autant d’informations sur les conditions et les contraintes de travail de la journaliste que sur un pays à bout de souffle et une population excédée.

Les déchirements au sein de la famille de Mamour Hasan, un leader ouvert et respecté, qui a successivement lutté contre les Russes et contre les talibans et qui encourage l’instruction des filles dans le district qu’il contrôle, témoignent de ceux de l’Afghanistan. Tandis que ses épouses vivent plus recluses que jamais, son fils aîné paraît séduit par les talibans. Dans un pays dont le dessin de Zabus fait ressortir la pureté des couleurs alors que s’amorce le printemps, tout le monde se méfie de tout le monde et le climat politique, économique et social connaît une inquiétante instabilité.

Fabrice Piault

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