15 OCTOBRE - NOUVELLES France

En dépit d'une allusion, dans la dernière nouvelle de son recueil, à une manifestation en faveur de plus de liberté, qu'on n'attende pas de Fouad Laroui de doctes analyses sur ces "printemps arabes" où les Occidentaux ont tendance à amalgamer des pays et des situations qui n'ont en commun que l'islam. Laroui, lui, est marocain, mais un "Marocain du monde" : écrivain de langue française, poète en langue néerlandaise, professeur de littérature à l'université d'Amsterdam, journaliste et globe-trotteur. Ce qui ne l'empêche pas de demeurer attaché à ses racines et à cette jeunesse marocaine actuelle restée au pays ou en exil, qu'il sent déboussolée. Il est aussi nostalgique de sa jeunesse, à Casablanca, où, avec ses copains qui avaient des tas d'histoires à raconter, il ne prétendait pas tant "changer le monde" que se moquer de ce qui ne marchait pas dans celui qui existait. "Vaste programme », comme disait un certain général. "Maisoù sont les sables d'antan ? » écrit Laroui, avec cet humour tendre et cette ironie qui sont un peu sa marque de fabrique.

Certaines des neuf nouvelles qui composent L'étrange affaire du pantalon de Dassoukine sont un peu des "longues de comptoir" très orales. Comme cette aventure d'Ali, jeune pigiste à La Tribune de Casablanca, envoyé par son chef interviewer à Khourigba, un bled perdu, tous les "hommes qui comptent", et qui se retrouve chez Bouazza, le coiffeur ! L'histoire se déroule sous le long règne d'Hassan II et de son ministre Driss Basri, lequel chapeautait à la fois l'Intérieur et l'Information.

On aime aussi les nouvelles "occidentales" de Laroui, comme "Ce qui ne s'est pas dit à Bruxelles", récit d'une rupture entre John le Néerlandais et Annie la Française, tous deux profs, qui se retrouvent à mi-chemin, à Bruxelles, afin de constater leurs trop grandes différences et de briser là. Mais l'amour sera, bien sûr, le plus fort... Fouad Laroui a du talent, de la fantaisie et de l'érudition. On attend son prochain roman, distance qui lui convient mieux pour leur laisser libre cours. Dans ses nouvelles, on sent qu'il se contraint, qu'il se coupe la parole, comme les compères de sa jeunesse au café de l'Univers, à Casa.

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