"On ne peut pas parler de rapprochement entre Hachette Livre et Editis pour des raisons de concurrence, a-t-il affirmé. Mais nous mettrons en œuvre toutes les synergies utiles pour peu qu’elles soient légales et acceptées par la concurrence bien évidemment" déclare-t-il au quotidien.
Cet entretien intervient à la suite de l'annonce du changement de gouvernance et d'identité au sein de Lagardère. Jusqu'ici SCA, le groupe est devenue une SA avec à sa tête un P-DG (Arnaud Lagardère) et un directeur général (Pierre Leroy). Ce changement de statut, qui sera soumis à l'assemblée générale du groupe le 30 juin, place toutefois le groupe sous la menace d’une OPA (Offre publique d'achat).
Cessions conditionnées
Vincent Bolloré, dont la société Vivendi demeure actionnaire majoritaire, devient bien le nouvel homme du groupe, avec trois administrateurs qui seront proposés par Vivendi. Arnaud Lagardère a accepté de renoncer à son statut en échange de 10 millions de titres de la société et de trois postes d'administrateurs. Au final, c'est un compromis risqué tant il est impossible de savoir ce que notamment Amber Capital et le Qatar feront de leurs actions. S’ils les cédaient à Vincent Bolloré, celui-ci détiendrait 50% de la nouvelle entreprise.
De même, tout le monde ignore les réelles intentions de Bernard Arnault, présent à travers sa holding la Financière Agache. Amber, le Qatar et Agache ont désormais une voix au conseil d'administration chacun. Les deux autres membres du conseil d'administration seront des représentant des salariés.
Cependant, le document précise que "toute cession d’un actif publishing, travel retail ou médias représentant un montant de chiffre d’affaires supérieur à un seuil fixé pour chacun de ces ensembles d’activités, ne pourrait être décidée sans l'accord du conseil d’administration pris à la majorité des trois cinquièmes de ses membres", soit au minimum sept voix sur onze.
Bolloré, Sarkozy et Arnault
Après des mois de négociations, la bataille capitalistique pour le contrôle du groupe Lagardère s'est débloquée cette semaine. L'héritier de Jean-Luc Lagardère, jusqu'ici protégé par son statut en commandite, s'est félicité de cette issue: "un accord équilibré. Sans Vincent Bolloré, nous ne serions pas parvenus à cet accord équilibré". Il a salué également "la détermination et l'habileté de Nicolas Sarkozy qui a fait, en peu de temps, le travail d’une trentaine de banquiers d’affaires pour obtenir ce consensus". L'ancien président de la République, ami de Vincent Bolloré comme d'Arnaud Lagardère, et proche du Qatar, est entré en 2020 au conseil d'administration de Lagardère et a joué le médiateurs depuis un an.
Arnaud Lagardère a également démenti une refroidissement de sa relation avec Bernard Arnault, actionnaire de la holding Lagardère Capital management à hauteur de 27%. "J’ai constaté qu’il y avait un grand décalage entre la réalité de nos discussions et les rumeurs publiées dans la presse, a-t-il confié au Figaro. Je tiens à ce que la famille Arnault fasse une bonne affaire financière. C’est normal, car elle nous a apporté un soutien clair et honnête. Il n’y a aucune acrimonie avec aucun des signataires de l’accord".