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Lagardère confirme son possible changement de statut

Arnaud Lagardère

Lagardère confirme son possible changement de statut

Après des mois de négociations avec Vincent Bolloré et Bernard Arnault, Arnaud Lagardère changerait le statut du groupe qu’il dirige, lâchant de fait sa fameuse commandite protectrice. Il pourrait ainsi placer le groupe Lagardère à la merci d’une OPA.

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Par Pierre Georges,
Vincy Thomas,
Créé le 27.04.2021 à 02h00

Après plusieurs rumeurs relayées dans les quotidiens nationaux, le groupe Lagardère a confirmé lundi 26 avril travailler à la transformation de son statut. « Lagardère SCA confirme qu'elle étudie actuellement un projet de transformation en société anonyme, au sujet duquel des discussions sont en cours entre elle et ses principaux actionnaires », affirme un communiqué du groupe. Après des mois d’une véritable conférence de Yalta entre milliardaires français, la bataille capitalistique pour le contrôle du groupe Lagardère - et donc du premier groupe éditorial français, Hachette - pourrait ainsi se débloquer.

Un conseil de surveillance se tenait lundi 26 avril en fin de journée, pour déterminer les détails de ces négociations au sommet. Pour une source syndicale contactée par Livres Hebdo, « rien n’est encore fait » et « les négociations ne sont pas terminées ». « Il n'y a pas de certitude quant à l'aboutissement des discussions en cours », précisait en outre le communiqué de Lagardère SCA. Prudence, donc.

Fin de la commandite et OPA possible 

Samedi, Le PointLes Echos et Le Monde avaient relayé les coulisses de la négociation en cours depuis des mois entre Arnaud Lagardère et deux autres milliardaires français que sont Vincent Bolloré, qui lorgne sur une partie du groupe Hachette mais aussi Europe 1, et Bernard Arnault, qui convoite le JDD et Paris-Match. Le fils de Jean-Luc Lagardère, contesté par certains actionnaires, serait prêt à lâcher le fameux système de commandite par actions, qui le rend inamovible et lui permet, même avec 7,3% du capital, de contrôler son groupe, présent dans l’édition, les médias et le retail en gare et aéroport. Lundi 26 avril, en soirée, les discussions n'avaient toujours pas abouti définitivement. Les principaux concernés - Vincent Bolloré, principal actionnaire, Amber Capital, le Qatar et Bernard Arnault - ont décidé de jouer les prolongations. Selon la presse économique, il y aurait des ajustements à opérer sur les pouvoirs de Vivendi en cas de cessions d’actifs.

Que signifierait concrètement ces changements de statut et le passage en société anonyme ? Il semblerait qu'Arnaud lagardère se soit rapproché de Vincent Bolloré pour sceller son avenir et assurer son désendettement, abandonnant ainsi Bernard Arnault qui l'avait "sauvé" l'an dernier face aux attaques du duo Vivendi/Amber. Arnaud Lagardère serait nommé P-DG pour cinq ans, et doublerait son capital (il obtiendrait l’équivalent de 200 millions d’euros en nouvelles actions), tandis que les autres actionnaires verraient leurs parts diluées. Le conseil d'administration serait aussi plus équitable avec trois représentants pour Lagardère, trois pour Vivendi, et un chacun pour Amber Capital, Bernard Arnault et le Qatar. Cela signifierait aussi que Vincent Bolloré aurait, en plus du contrôle d'Editis via Vivendi, un pouvoir de décision sur Hachette. Si démantèlement ou cession d’actifs ne sont pour l’instant plus évoqués, le passage en société anonyme ouvrirait enfin la voie à un nouveau scénario : dans le cas où un ou plusieurs actionnaires majeurs décideraient de revendre leurs parts, Lagardère deviendrait une proie relativement facile pour une OPA.

L’opération de transformation doit dans tous les cas se faire avant l’assemblée générale prévue le 14 juin prochain. Créé en 1992 par Jean-Luc Lagardère, Lagardère est présent dans 40 pays et compte environ 28000 collaborateurs. En 2020, le groupe a dégagé un chiffre d’affaires de 4,439 milliards d’euros.

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