A Détroit, Michigan, à l’automne 2008, rien ne va plus. L’ancienne Motor City, capitale de la bagnole, l’un des emblèmes de l’american way of life, a été frappée par la concurrence nipponne et par la crise. Les usines ont fermé. La population à large majorité noire, s’est paupérisée. Le centre-ville, Downtown, est devenu un ghetto en proie à tous les trafics. La banlieue, autrefois chic, un désert culturel, et les alentours une vaste friche industrielle, "la Zone". Pour s’occuper, les gamins désœuvrés, lors de la "nuit du Diable", mettent le feu à 400 maisons abandonnées.
C’est dans ce contexte de "Catastrophe " déclarée que débarque à Détroit Eugène, un jeune ingénieur français qui travaille pour "l’Entreprise" à un projet innovant baptisé "l’Integral", censé redonner de l’énergie à tout un secteur. Mais il va vite déchanter, se rendre compte de la duplicité de son employeur, lequel abandonnera l’Integral avant de faire faillite. Heureusement, pour se consoler, il a les bras de la "magique " Candice, la serveuse du Dive In. La jeune femme, autrefois, a fréquenté un certain Max Roberts, un caïd local, qui fait faire son sale boulot par des gamins. Stro, lui, a intégré sa bande et s’est radicalisé, tentant d’entraîner ses copains Gros Bill et Charlie. Un peu avant Noël, Charlie part de chez sa grand-mère, la vieille et pieuse Georgia, qui l’élève de son mieux et se fait un sang d’encre. Elle finira par prévenir la police, où le lieutenant Brown s’efforce de maintenir dans cette jungle urbaine un peu de légalité. C’est lui qui va se charger de l’enquête sur la disparition des garçons.
Plutôt qu’un vrai thriller, auquel il s’apparente par certains aspects, Thomas B. Reverdy a écrit un roman postmoderne, habité, "springsteenien", où, à travers les destins parallèles des protagonistes principaux, lesquels finissent par se rejoindre, il démonte ce qui reste encore du "rêve américain". Un livre tout de violence contenue, presque oppressant. Aux dernières nouvelles, ça irait mieux à Detroit. J.-C. P.
