Recherche Litote désespérément. La chienne de Samuel Blumfeld a disparu. Pour cet écrivain, « arrivé à un âge où l'on se souciait surtout de relire les livres de sa vie », cette perte est insurmontable. En accueillant Litote, Samuel s'était ouvert à une autre vie : il prenait soin d'elle comme elle prenait soin de lui, lui apportant « le carburant émotionnel dont il avait besoin pour se lever chaque matin ». Pour lui donner un nom, il s'était inspiré de cette figure de rhétorique consistant à dire moins pour faire entendre plus ; Litote était devenue au fil des mois « le détail qui grossissait jusqu'à prendre toute la place ». « Ce n'est qu'un chien », lui dit-on dans son village, où Samuel promène sa peine à défaut de promener Litote. Ce village, Samuel y avait emménagé par défaut, dans une maison condamnée par le recul du trait de côte. Pour ses habitants, il restait l'étranger qui « avait fait le grand saut en venant se mettre au vert ». Seule leur progéniture semblait accepter sa présence, l'accompagnant dans ses balades, jouant avec sa chienne, s'introduisant parfois chez lui « pour lui rendre ce qu'ils appelaient des visites de courtoisie ». Informés de tout ce qui se passait dans le village, les enfants devaient savoir ce qui était arrivé à Litote. En 150 pages, Chien perdu et autres chiens trouvés dit le pire et le meilleur de l'humain, la cruauté comme l'amour inconditionnel dont il est capable, à travers la figure de son plus fidèle compagnon, à travers le récit d'une disparition qui révèle les préjugés entourant l'étranger, le racisme latent, le suivisme inhérent à l'effet de groupe et la dangereuse impression de toute puissance qu'il confère. Sensible, universel, ce texte est de ceux que l'on a envie de donner à lire pour contrer les ténèbres.
Chien perdu et autres chiens trouvés
Flammarion
Tirage: 3 500 ex.
Prix: 18 € ; 155 p.
ISBN: 9782080462404