La Grande Évasion, à La Gacilly (Morbihan)

Du côté libraire de la force

Après avoir officié chez Zulma pendant une douzaine d'années, Amélie Louat a quitté l'édition pour la librairie en ouvrant son propre commerce à La Gacilly, village de 2 500 âmes dans Le Morbihan. « J'avais envie d'avoir un lieu à moi et d'échanger avec les lecteurs de façon radicalement différente », se souvient-elle, un an après avoir levé le rideau, en mai 2021, sur sa boutique de 80 m2 qui occupe un local communal.

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Isabelle Nguyen Kim Loan et l'équipe du temps de Vivre au Faouët.- Photo DR

Berceau et cœur de la production d'Yves Rocher, La Gacilly est un carrefour quotidien pour les travailleurs du groupe, ainsi qu'une destination culturelle et touristique avec son festival photo et ses artistes en résidence. « Quand on a 6 000 références pour parler à une typologie de clients très variée, on n'a pas le droit à l'erreur », estime la libraire qui aime travailler avec des éditeurs locaux comme Stéphane Batigne.

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Après avoir arpenté les routes du Bas-Rhin pendant trois ans avec sa librairie itinérante, Laura Chipeaux a ouvert Mots de pas sage, à Niederbronn-les-Bains.- Photo DR

« Venant d'une maison de littérature contemporaine à Paris, je ne connaissais pas grand-chose au rayon régionaliste, admet-elle. Ce sont les échanges avec les clients qui amènent à changer les sélections, à découvrir un petit diffuseur, un auteur, tout un tas de trésors ! » Cet été, La Grande Évasion s'agrandit avec une offre complémentaire de gravures, d'affiches, de puzzles, ainsi qu'un salon de thé. « Ce projet devrait permettre de développer un chiffre suffisant pour envisager le recrutement de quelqu'un », espère Amélie Louat.

Le Temps de Vivre, au Faouët (Morbihan)

Tout est possible, tout est permis

Avec son café-librairie dont le nom rend hommage tant à Georges Moustaki qu'à Boris Vian, Isabelle Nguyen Kim Loan veut « associer lecture et convivialité » dans un espace où chacun pourrait rêver sa vie, refaire le monde. « Le Temps de Vivre a ouvert en octobre 2021 et, tout de suite, c'est devenu un tiers-lieu où les gens se donnent rendez-vous, proposent des rencontres, des animations », se réjouit-elle. 

Cet ancien restaurant de 200 m2 sur deux niveaux, auxquels s'ajoutent deux terrasses, a été transformé en librairie dans le cadre d'un chantier participatif. « Je touche aussi bien la population installée depuis des générations que les néo-ruraux qui, en choisissant de se s'installer à l'écart, se trouvaient aussi privés de librairie », expose Isabelle Nguyen Kim Loan qui a travaillé en librairie pendant cinq ans à Lorient et à Ploemeur avant d'ouvrir sa boutique.

Ses 4 500 références font la part belle aux rayons jeunesse, BD, littérature, féminisme et écologie. « J'ai dû revoir ma sélection : je m'adressais à l'urbain qui vient de quitter son balcon pour un jardin mais ici, ce sont des gens qui montent des forêts comestibles, avec une demande beaucoup plus pointue », décrypte la libraire. Pour financer des postes supplémentaires, et rendre le lieu encore plus accueillant, elle a lancé au printemps un service de restauration.

Mots de pas sage, à Niederbronn-les-Bains (Bas-Rhin)

Nouvelle vie sédentaire

Pour desservir plusieurs zones creuses du Bas-Rhin, privées de librairie, Laura Chipeaux avait passé son permis poids lourd, puis aménagé un camion dont la cabine de 20 m3 contenait jusqu'à 3 000 références. « C'était une vraie boutique, les gens pouvaient y entrer », explique la libraire qui se déplaçait depuis novembre 2018 sur les marchés, dans les salons, et devant les médiathèques. « Les usagers sont aussi acheteurs de livres », soutient celle qui a longtemps travaillé en médiathèque, à Strasbourg.

« Mais les journées sur la route étaient rudes et longues. Par ailleurs, des librairies ont ouvert dans certains lieux où je circulais », retrace Laura Chipeaux qui a posé ses caisses de livres, en avril 2022, dans un commerce « en dur » en plein centre-ville de Niederbronn-les-Bains. « C'était l'endroit où je faisais le plus de ventes avec le camion, il y avait un réel besoin. Si bien qu'à partir de septembre dernier, j'y étais installée une semaine entière tous les quinze jours », poursuit la libraire depuis son magasin de 80 m2 où se mêlent titres jeunesse, rayon adulte et manga.

Outre les habitants et les touristes, présents une bonne moitié de l'année dans cette cité thermale, Laura Chipeaux peut compter sur les lecteurs des communes qu'elle traversait autrefois avec « Mots de passage » qui a trouvé son point d'ancrage.

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