Encadré

Dans l'histoire de la librairies française, le 25 février 2021 a marqué un tournant décisif. Après plusieurs mois de mobilisation des acteurs de la chaîne du livre, lecteurs inclus, les librairies rejoignent la liste des commerces dits "essentiels". Un terme utilisé par les professionnels comme par les membres du gouvernement alors même que ni le décret publié ce jour-là, ni l'arrêté du tout premier confinement pris le 14 mars 2020, ne l'emploient. Fermeront tous les lieux "non indispensables à la vie de la Nation", est-il alors indiqué. Rouvertes à partir du mois de mai, les librairies et leurs soutiens font de nouveau entendre leur voix fin octobre 2020, à la veille d'un second confinement. "La lecture de livres est une activité essentielle à nos vies citoyennes et individuelles", affirment le Syndicat national de l'édition, le Conseil permanent des écrivains et le Syndicat national de la librairie française. "La bataille des livres, la bataille du jogging, la bataille des restaurants aussi, sont des batailles bourgeoises", réplique Olivier Ertzscheid, maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'Université de Nantes, dans un billet paru sur son blog. De fait, ce qui est "essentiel", "indispensable", "capital" pour l'un, ne l'est pas nécessairement pour l'autre. Pour autant, quatre mois plus tard, les librairies l'emportent. Une victoire qui est aussi celle de la prise en compte de la santé mentale et de la vie des idées dans ce qui est "indispensable à la vie de la Nation".