Une cour d'appel du Qatar a réduit lundi 25 février à 15 ans de prison la peine d'un poète condamné en première instance à la perpétuité pour un poème souhaitant la chute du régime (voir notre
actualité du 13 décembre), a annoncé à l'AFP l'avocat du poète, Mohamed Ibn al Dhib al Adjami.
Il avait été arrêté en novembre 2011 pour un poème saluant le Printemps arabe et exprimant l'espoir qu'il s'étende aux monarchies du Golfe.
Il avait été condamné le 29 novembre 2012 à la prison à perpétuité pour "
atteinte aux symboles de l'Etat et incitation à renverser le pouvoir".
"
La peine a été réduite aujourd'hui par la cour d'appel à 15 ans", a annoncé Me Naïmi, ancien ministre de la Justice, qui a affirmé qu'il allait "
porter l'affaire devant la Cour de cassation" pour dénoncer une décision "
politisée, comme celle du tribunal de première instance".
Pendant le procès, l'avocat avait fait valoir qu'il n'y avait "
aucune preuve que le poète ait prononcé en public le poème pour lequel il était jugé" et assuré que le texte avait seulement été récité "
dans son appartement au Caire".
Le procureur général du Qatar, Ali bin Fetais al-Marri, a déclaré à la télévision Al-Jazeera English qu'il allait pour sa part saisir la Cour suprême pour tenter de faire rétablir la peine de réclusion à perpétuité.
Le "poème du Jasmin" rend hommage à la révolution tunisienne et félicite le chef du parti islamiste tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, vainqueur des élections qui ont suivi.
Il exprime aussi l'espoir que le changement touchera d'autres pays arabes, dans une allusion aux monarchies du Golfe, affirmant: "
Nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive".
Dans une référence au Qatar, qui abrite une importante base américaine, il ajoute: "
J'espère que sera bientôt le tour des pays dont le dirigeant s'appuie sur les forces américaines".
La condamnation du poète à la prison à perpétuité avait été vivement dénoncée par l'ONU et plusieurs organisations des droits de l'Homme, surtout que le Qatar se pose en champion des soulèvements anti-gouvernementaux, notamment par le biais de sa puissante chaîne satellitaire Al-Jazeera.
L'avocat a indiqué qu'il rencontrait son client une fois par semaine, et que des représentants d'organisations de défense des droits de l'Homme arabes avaient assisté à l'audience de lundi, à l'invitation de l'organisation qatarie des droits de l'Homme.