Commandé par trois ministères (Affaires sociales, Culture, Education nationale), le rapport sur les structures adaptant des œuvres au bénéfice des handicapés visuels va au-delà de l’objectif annoncé dans son titre et trace les perspectives d’un plan national visant à organiser cette édition spécifique. Du fait des engagements en faveur des handicapés pris par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle, les 26 recommandations de ce rapport devraient servir de feuille de route aux pouvoirs publics, tout particulièrement au ministère de la Culture, dans les prochains mois.
L’impulsion initiale vient de l’extension de l’exception handicap définie à l’article 33 de la loi Création promulguée le 7 juillet 2016. Ce texte pose "des objectifs ambitieux d’élargissement du public bénéficiaire et d’augmentation de l’offre de l’édition adaptée", rappelle le rapport, objectifs qui apparaissent difficilement atteignables dans la situation actuelle. "L’analyse de la chaîne de production dessine un paysage de l’édition adaptée en demi-teinte, affecté par une réelle fragilité structurelle et économique. En l’état actuel, il n’est pas suffisamment outillé, étoffé ni coordonné pour répondre aux objectifs de la loi, mais des points d’appui forts existent", résume l’étude de la situation des 103 structures agréées, diverses dans leur statut et leurs moyens, très dépendants du bénévolat.
"La période qui s’ouvre doit être considérée comme une phase de transition dont la réorganisation doit être accompagnée", poursuit le rapport. Le besoin de documents accessibles est en forte hausse, avec un public bénéficiaire estimé à 1,4 million de personnes (aveugles, malvoyants profonds ou moyens, troubles "dys"). Représentant 8 à 20 % des références selon les estimations, le catalogue des documents disponibles (braille, gros caractères, relief, CD-Rom) reste à établir précisément, et pourrait être confié à la Bibliothèque nationale de France. L’institution sera aussi chargée de la mutualisation des titres adaptés, pour éviter les doublons et améliorer l’accessibilité. Au-delà de l’offre généraliste, l’enjeu est important en scolaire et universitaire.
Deux scénarios d’action sont suggérés. Le premier est limité à des mesures techniques. Le second, plus volontaire, passerait par la création d’un groupement d’intérêt public "Edition adaptée", dont on devine qu’il a la faveur des auteurs du rapport.
Hervé Hugueny