Lorsqu'Alexandre Jardin a commencé à parler de son dernier livre,
Des gens très bien (Grasset), il savait que sa famille ne lui pardonnerait pas. "
Dans ma famille, et sans doute au-delà, mon livre va être considéré comme un blasphème, une transgression majeure à l'égard de la fidélité et de l'honneur familial" avait-il déclaré à l'AFP mardi dernier.
Dans le quotidien britannique
The Guardian, daté du 12 janvier, il écrit
une Tribune où il s'étonne que la famille soit un sujet si sensible en France. Il y raconte son histoire familiale, sa prise de conscience à 17 ans quand il apprend ce qu'était la Rafle du Vel d'Hiv et s'étonne des critiques des médias français : "
Le Figaro m'a insulté, offrant une double page à un oncle qui reste loyal à la Mémoire de Vichy" écrit-il.
Son oncle et parrain, Gabriel Jardin, a réagit sur l'un des sites du
Figaro. Auteur en 2006 d'un ouvrage sur Paul Morand, il rappelle d'entrée de jeu que son père "
n'a jamais fait l'objet d'aucune poursuite judiciaire ou de nature politique, ni à la Libération, ni jusqu'à sa mort en 1976, contrairement à de nombreux hauts fonctionnaires du gouvernement de Vichy".
Dans sa tribune anglaise, Alexandre Jardin s'en prend aussi au
Monde en accusant le quotidien du soir de vouloir porter le discrédit sur les faits historiques relatés dans son livre.
Pour Alexandre Jardin, au poste qu'il occupait à Vichy son grand-père avait tous les moyens de savoir ce que signifiait cette grande rafle pour les milliers de Juifs arrêtés. Et, souligne-t-il, il n'a pas démissionné.
"
Ce qui est fou, c'est que mon grand-père Jean Jardin était un homme bien, pétri de morale. C'est pourquoi mon livre n'est pas manichéen mais tend à démontrer que la mobilisation extrême de la morale, comme à Vichy, va permettre le pire" confiait-il à l'AFP. Jean Jardin, dit "Le Nain jaune", fut directeur de cabinet de Pierre Laval du 20 avril 1942 au 30 octobre 1943 - la rafle du Vél d'Hiv eut lieu à la mi-juillet 1942 - et conserva jusqu'à sa mort en 1976 les portraits du maréchal Pétain et de son chef du gouvernement dans son bureau, selon son petit-fils. Il s'était exilé en Suisse de 1943 à 1947 et n'a jamais été inquiété.