Faire du neuf avec du vieux, réécrire ce qui a déjà été écrit, ainsi se définit, selon Pierre Lemaitre dans l'interview qu'il accorde cette semaine à Livres Hebdo, le travail de l'écrivain postmoderne. Alors que « toutes les histoires ont déjà été racontées », le prix Goncourt 2013 ne croit « pas à l'inspiration, mais à la transpiration ». Une constante chez lui dont le premier roman publié (Le Masque, 2006) s'intitulait déjà... Travail soigné.

Il n'est pas le seul à assumer lucidement cette contrainte de l'époque dans son approche de l'écriture. Au point que, désormais, nombre d'écrivains en herbe se tournent vers des formations professionnelles avant de publier leur premier roman. Inspirés par les dizaines de cursus de creative writing institutionnalisés depuis plus de 80 ans dans les universités américaines, les masters de création littéraire se sont multipliés en une poignée d'années dans toute l'Europe. En France, en seulement sept ans, s'ajoutant aux ateliers d'écriture créés par Gallimard ou Le Figaro, six enseignements de ce type, animés par des auteurs et des éditeurs aguerris, sont nés au sein des universités de Toulouse, Le Havre, Paris 8 Saint-Denis, Cergy-Pontoise, Clermont-Ferrand ou Aix-Marseille.

Les premiers romans de leurs diplômés ont séduit Gallimard ou Grasset. Avant P.O.L au mois de mars, Rivages, Autrement et L'Olivier en publieront trois autres pour la rentrée d'hiver 2020. Ce n'est pas la moindre des garanties que se donnent les éditeurs littéraires pour limiter les méventes auxquelles ils sont trop souvent confrontés depuis plusieurs années. Dans le prolongement de la rentrée littéraire d'automne, ils ont également resserré leurs programmes de janvier, où le nombre de nouveautés s'affiche en baisse de 2,4 %. Alors que nombre d'entre eux annonçaient leur intention de réduire le nombre de leurs nouveautés pour lutter contre le « fléau » de la surproduction, cette fois ils l'ont fait.

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