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Traductions 2015 : une part toujours croissante

O. Dion

Traductions 2015 : une part toujours croissante

Numériquement stables dans une production de livres globalement en retrait, les traductions pèsent en proportion toujours plus lourd d’après les données Livres Hebdo/electre.com pour 2015. De loin la principale langue traduite, l’anglais recule alors que les traductions du japonais, de l’allemand, du portugais et du chinois progressent.

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Par Fabrice Piault,
Créé le 18.03.2016 à 13h00

A 17,7 % en 2015 d’après nos données exclusives Livres Hebdo/electre. com, la part des traductions dans l’ensemble de la production de nouveautés et de nouvelles éditions en France atteint un nouveau record. En 2014, elle était de 17,4 %. Surtout, en 2008, année de création de ce nouvel outil statistique, elle ne se situait qu’à 14 %. Mais ce nouveau record s’explique cette fois d’abord par le recul de la production globale de nouveaux titres intervenu en 2015, de - 1,5 % (1), alors que le nombre de traductions, lui, reste quasi stable à 11 847 titres (- 0,1 %).

Retour de l’allemand

Photo SOURCE : LIVRES HEBDO/ELECTRE.COM

Les positions de l’anglais, toujours dominantes parmi les traductions, continuent de s’effriter même si elles progressent encore dans les secteurs des religions, de la bande dessinée et des livres d’éveil et d’activités et jeux pour la jeunesse. Les titres initialement écrits en anglais constituent 58,1 % de l’ensemble des titres traduits publiés en 2015, contre 59,5 % un an plus tôt et 60,2 % en 2013, année où ils ont pesé le plus lourd. A distance, la progression du japonais ne faiblit pas. En 2015, elle s’explique exclusivement par un renouvellement et une diversification de la publication de mangas, qui représentent désormais 90,1 % des traductions venues de l’empire du Soleil-Levant, contre 87,7 % en 2014. Au total, la part des traductions du japonais atteint 12,1 %, contre 7,7 % en 2008 : c’est la progression la plus spectaculaire intervenue en sept ans.

2015 voit également les traductions de l’allemand se redresser nettement après un passage à vide l’année précédente. En revanche, l’italien, l’espagnol et les langues scandinaves marquent le pas. Aussi, même si les cinq langues les plus traduites ont fourni 84,2 % des traductions, l’année se sera finalement surtout caractérisée par un élargissement géographique de la production. On assiste à l’augmentation des traductions du portugais, du chinois, du polonais ou des langues d’Europe de l’Est, et à un bond de 10 % de celles des "autres langues", avec 941 titres.

Quatre BD traduites sur dix

Les traductions de romans stagnent et, si elle reste très forte, la part des livres traduits dans la production romanesque continue de reculer, à 40,6 % contre 40,9 % en 2014 et 42,4 % en 2013. Dans ce secteur, où elle reste écrasante, la part de l’anglais recule plus encore que dans l’ensemble de la production. Elle s’inscrit à 74,6 %, soit un point de moins que l’année précédente. Les traductions de l’espagnol, des langues scandinaves, du russe ou du japonais ont également chuté quand progressaient celles de l’allemand, de l’italien, du portugais ou des langues d’Europe de l’Est.

Désormais, la part des traductions est quasiment aussi importante en bande dessinée, où elle atteint 40,5 % en 2015, contre 37,4 % en 2014, et pas seulement en raison de la hausse de la production de mangas. Le développement des comics provoque une croissance des traductions de l’anglais, et les adaptations de l’italien augmentent aussi fortement. Dès lors, dans le palmarès des secteurs les plus traducteurs, la bande dessinée talonne le livre pour la jeunesse, qui a moins traduit en 2015. Les traductions représentent 18,3 % des ouvrages pour la jeunesse produits dans l’année (toutes catégories confondues), contre 19,4 % en 2014. Mais l’évolution des traductions se révèle particulièrement irrégulière dans ce secteur où elles représentaient 17,5 % des nouveaux titres en 2013, après 20,8 % - un record - en 2012. Les sciences humaines et sociales demeurent le quatrième secteur le plus traducteur, mais la proportion des traductions y demeure faible, à 4,4 %.

(1) LH 1072, du 12.2.2016, p. 30-31.

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