En 2008, dans Livres Hebdo, vous assimiliez l'édition de création, et notamment "La brune", à "une réserve d'Indiens" (1). Y a-t-il eu de gros changements depuis ?
Pas vraiment sur le fond. Mais sur la forme oui. Danielle Dastugue, la fondatrice du Rouergue, est partie en 2009, ce qui a entraîné une réorganisation de "La brune" et une plus grande intégration à Actes Sud. Ces dernières années ont été marquées par le développement des ventes de droits à l'étranger et pour l'audiovisuel via les services d'Actes Sud, ainsi que du numérique. Depuis la rentrée 2011, toutes les nouveautés sont aussi disponibles en ebooks.
La publication en mars 2008 des Déferlantes de Claudie Gallay a dû aussi changer la donne.
Le grand format s'est vendu à 300 000 exemplaires et a été suivi de deux éditions de poche, de 14 >traductions et d'un téléfilm en cours de tournage pour Arte. Grâce à ce livre, nous avons élargi notre audience dans la presse et en librairie, sortant du ghetto "collection sérieuse qui vend peu". Marie-Sabine Roger, avec La tête en friche, paru la même année (70 000 exemplaires), a aussi participé au développement de notre audience. Elle est devenue une star en Allemagne avec 300 000 exemplaires vendus. A partir de 2008, les éditeurs étrangers sont à présent beaucoup plus attentifs à notre catalogue.
Comment a évolué la ligne depuis sa création ?
Je fais le même travail depuis quinze ans : ouvrir des manuscrits reçus par la poste, chercher de nouveaux auteurs, faire en sorte qu'ils restent avec nous. Cela reste artisanal et je m'appuie sur ma propre lecture, sur mes choix. Je ne publie que 5 à 8 titres par an, même si l'année prochaine, pour marquer l'anniversaire, je monterai à une dizaine.
Comment fêterez-vous cet événement ?
Par une programmation qui mêlera signatures historiques et jeunes auteurs. On retrouvera par exemple en janvier Pascal Morin, et en mars Antoine Piazza avec un geste littéraire singulier : il prépare une nouvelle version, en remaniant jusqu'à l'intrigue, de Roman fleuve qui fut en 1999 un des premiers succès de "La brune". D'autre part, nous laissons la place à de nouvelles voix, des trentenaires pleins de talent, avec trois premiers romans en début d'année ou le deuxième roman de Raphaëlle Riol.
Et la maquette a changé ?
Olivier Douzou l'a en effet repensée en passant le blanc de la couverture du brillant au mat, proposant une illustration plus graphique, une nouvelle typographie et un nouveau logo. Il y a dix ans, nous avions choisi d'enlever la mention du Rouergue sur la couverture pour faire connaître "La brune". En 2013, nous revaloriserons l'histoire de la collection et la marque devient "La brune au Rouergue".
(1) Voir LH 726, du 21.3.2008, p. 53.