Coma philosophique. Sandrine-Malika Charlemagne multiplie les cultures et les vies. Elle a exercé plusieurs petits boulots avant de devenir comédienne, réalisatrice de documentaires, autrice de poèmes, de pièces et de romans (À corps perdus, JC Lattès, 1994). Son nouvel ouvrage jongle aussi avec les genres, entraînant une héroïne de fantasy dans une quête philosophique. Celle-ci passe d'abord par « le Monde des Vivants », où Alètheia ressemble à une belle endormie. « Il y avait cette lumière qui sommeillait en elle », pourtant la jeune femme n'est plus la même depuis la perte de son bébé et son accident. « Le coma est une période de grande grâce », dominée par le mystère. « Cette femme qui résistait à la mort » suscite tantôt l'amour, tantôt le désir ou la haine. Celle de son mari, Victor, qui convoite son héritage et entretient une liaison avec Emma. Mais que sait-il de ces deux femmes ? Alors qu'Alètheia flirte avec Thanatos, elle nous renvoie à la théorie de Platon : « Le corps comme prison de l'âme. Et si la vraie vie était ailleurs ? » Aussi l'âme de la protagoniste prend-elle la forme d'une « Traqueuse ». Mi-détective, mi-combattante, elle est chargée d'infiltrer « l'Intermonde » pour rechercher un éminent philosophe prisonnier des « Ombres du Tréfonds », Martin Heidegger. Il « voyait en l'être humain un être pour la mort. Il s'agissait de l'expérience ultime, impartageable. Le seul moyen de devenir soi-même. » Courageuse, Alètheia revisite sa pensée et celle d'Hannah Arendt, en ne perdant pas de vue qu'« ici, la vie ne s'arrête jamais ».