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Québec : l’urgence d’agir

Québec : l’urgence d’agir

Pascal Chamaillard, président de l’Association des distributeurs exclusifs de livres en langue française (Adelf), directeur général d’Edipress Inc., défend la nécessité d’une réglementation du prix du livre au Québec.

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Par Catherine Andreucci,
avec Créé le 11.10.2013 à 19h48 ,
Mis à jour le 11.10.2013 à 23h52

“Le 19 août 2013, l’Assemblée nationale du Québec débutait une commission parlementaire chargée d’examiner la demande unanime des associations membres de la Table de concertation du livre, d’une réglementation du prix de vente des nouveautés.

Les professionnels du domaine du livre au Québec, interpellés par une librairie fragilisée, et au vu des problématiques du monde anglo-saxon où les guerres de prix mènent à terme à l’établissement d’oligopoles, qui in fine ne sont à l’avantage ni de la profession, ni du lecteur, ont entrepris de réclamer à l’Etat québécois de légiférer et d’adopter une réglementation du prix du livre qui protégerait le prix des nouveautés pour une durée de neuf mois suivant leur parution, tout en conservant un rabais possible pouvant aller jusqu’à 10 %. Ces balises ont été obtenues de manière consensuelle, chaque maillon de la chaîne du livre ayant fait des compromis.

Faut-il rappeler l’urgence d’agir, à l’heure où aux Etats-Unis la chaîne n° 2, Borders (700 librairies), a fait faillite l’an dernier, et où Barnes & Noble, malgré la disparition de son concurrent direct, cumule les pertes trimestre après trimestre, et envisage de fermer quelque 300 librairies sous peu ? Aujourd’hui, en Australie, une ville comme Greater Dandenong, 140 000 âmes, 49 écoles, 117 supermarchés, n’a plus de librairie suite à la faillite de la plus grande chaîne de librairie qui détenait le quart du marché australien.

Au Québec, les pratiques actuelles constatées sont qu’en général les librairies vendent au prix conseillé par l’éditeur, et d’autre part les détaillants tels Costco et Walmart pratiquent en moyenne des prix coupés d’environ 25 %. La pénétration d’Amazon.ca est marginale à l’heure actuelle, mais qu’en sera-t-il lorsqu’il décidera de dupliquer la stratégie employée dans les pays dont le prix des livres n’est pas réglementé, en vendant au coûtant, voire à perte, le temps de devenir le plus important vendeur de livres, pour par la suite remonter les prix ? Les opposants à la mesure ont fait valoir devant les élus qu’il s’agissait là d’un accroc grave aux lois du marché, et qu’en économie la destruction est créatrice.

Dans un contexte de gouvernement minoritaire, il est à souhaiter que cette commission dont les auditions auront cours jusqu’au 20 septembre, composée des quatre partis présents à l’Assemblée nationale, sache mettre de côté la partisannerie et voie l’intérêt commun pour la société dans son ensemble d’une telle mesure.?

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