Une bande dessinée peut en cacher une autre. Alors que Magali Le Huche, autrice et illustratrice hyperactive, finit les crayonnés de la bande dessinée Nowhere Girl en fin d’année 2018, elle apprend une terrible nouvelle : à l’aube de ses 40 ans, elle est atteinte d’un cancer du sein, comme sa grand-mère avant elle.
Perdue dans ses pensées, écumant les hôpitaux, Magali Le Huche tente d’apprivoiser la maladie. Concentrée sur Nowhere Girl (Dargaud, 2021), elle ne peut néanmoins s’empêcher de griffonner dans un petit carnet. Cette thérapie au crayon donnera bientôt naissance à un nouveau roman graphique, Punk à sein, à paraître le 19 septembre chez Charivari, label des éditions Dargaud.
Des Beatles aux Clash
Entre gris du quotidien et couleur des rêves, Magali Le Huche met en scène son cancer avec humour et gravité. Son récit confirme le virage de sa carrière vers l’autobiographie, après avoir signé une centaine d’albums jeunesse et des adaptations dessinées. Récompensé du prix Pépite BD au Salon jeunesse de Montreuil 2021, Nowhere Girl, notamment, narrait la difficile adolescence de l’autrice, sa phobie scolaire et le harcèlement, atténués par son amour pour les Beatles. Tiré à 10 000 exemplaires - il s'en écoulera 16 000 -, il montrait selon le critique de Livres Hebdo Benjamin Roure « que le genre de l'autobiographie en BD, très à la mode depuis vingt ans, est encore pertinent, de par le talent narratif et la légèreté naturelle de l'ouvrage. »
Dans Punk à sein aussi, la musique a son importance : Joe Strummer, leader charismatique du groupe The Clash, remplace les interprètes de Yesterday dans son monologue interne. L’attitude bravache des punks, leur fièvre ardente et la solidarité qu’ils défendent est un rempart contre l’anxiété dévorante pour Magali Le Huche.
Pour citer Strummer lui-même, dans I’m Not Down : « Mais je sais qu’à un moment, je pourrai surmonter tout ça, comme les gratte-ciels qui s’élèvent, étage par étage, je n’abandonnerai pas. » (« But I know there’ll be some way when I can swing everything back my way, like skyscrapers rising up, floor by floor, I’m not giving up »).
Avec ce nouveau titre, Magali Le Huche apporte sa pierre à l’édifice des bandes dessinées sur le cancer du sein racontées par des concernées, à l’instar de la trilogie de La guerre des tétons de Lili Sohn (2015, à paraître en intégrale aux éditions Michel Lafon prochainement) et de Comment le cancer m’a fait aimer la télé et les mots croisés de Miriam Engelberg (Delcourt, 2007).
