Dans un communiqué adressé à l’AFP le 7 novembre, Christophe Donner écrit : « J'ai été stupéfait d'apprendre les conditions dans lequelles M. Giesbert a manipulé cette année les délibérations du prix Renaudot » et ajoute : « Tout en les remerciant pour l'intérêt qu'ils portent à mon livre, je demande aux jurés de tous les autres prix littéraires d'effacer Un roi sans lendemain de leur liste ».
A Livres Hebdo, il confie l’importance qu’a pour lui le prix Renaudot, tout en dénonçant une dérive des prix littéraires qui misent de plus en plus sur des succès commerciaux.
Pourquoi accusez-vous Franz-Olivier Giesbert d’avoir manipulé les jurés ?
J’en ai le sentiment en voyant le déroulement des faits. Avoir choisi un livre en dehors de la sélection et qui n’a pas été lu est d’un grand mépris pour les jurés et pour les candidats, c’est en contradiction avec l’esprit du prix. Ce qui détermine le choix de Giesbert, c’est de mettre la bande rouge « Prix Renaudot » sur un best-seller, avec l’obsession que le Renaudot se vende plus que le Goncourt. Les prix sont faits pour aider les jeunes auteurs, donner une chance à des livres qui n’en ont pas forcément. A quoi ça sert de donner un prix à Pennac ? A quoi ça sert de donner le prix de Flore à Amélie Nothomb ? On voit que cela devient la tendance actuelle, c’est une dérive grave. Par ailleurs Franz-Olivier Giesbert a de l’acrimonie envers Grasset, mon éditeur, et il le montre en disant que le Renaudot n’appartient pas à Grasset. Je suis pris en otage. Je réagis peut-être comme un enfant, mais je suis un enfant quand j’écris et j’espère que j’écrirai comme Jean-Denis Bredin, qui a 80 ans, écrit comme un enfant. Je suis blessé devant une telle injustice.
Le Renaudot avait décerné son prix au livre d’Irène Némirovsky qui n’était ni finaliste, ni best-seller ?
Cela avait déjà soulevé la colère de beaucoup de gens.
Pourquoi ne plus vouloir recevoir aucun prix cette année ?
Je trouve que je suis plus libre de parler en me dégageant de la course aux prix. Je ne voulais pas être pris dans cet engrenage mais au contraire être hors de tout soupçon de vouloir influencer les jurés. En dénonçant cet acte, je touche du doigt un problème qui concerne aussi les autres finalistes du Renaudot. Pour moi le Renaudot est important. J’ai appris à écrire en lisant Louis-Ferdinand Céline, qui a eu le Renaudot.
On parle souvent de manipulation de la part des éditeurs. Pourquoi ne l’avoir jamais dénoncée ?
Les éditeurs défendent leurs poulains, leurs auteurs et veulent qu’ils obtiennent des prix. Bien sûr, il y a des luttes d’influence. Il prétend répondre à une manipulation par une sur-manipulation, avec un juré qui téléphone de Séoul. En fait c’est Giesbert qui propose Pennac en sachant qu’il ne pourra être refusé par J.-M. G. Le Clézio.
Christophe Donner : Un roi sans lendemain (Grasset)