Ernest M., responsable des droits étrangers aux éditions La Fabrique, a été arrêté puis interrogé à Londres le 17 avril dernier, au motif qu'il aurait participé aux manifestations françaises. « Une grave dérive autoritaire d’un gouvernement qui criminalise toute opposition », dénoncent dans une tribune publiée dimanche 7 mai dans Libération les 300 libraires réunis sous le collectif « Nous, libraires, porte-voix du « terrorisme intellectuel ».
Reprenant à leur compte le terme de « terrorisme intellectuel », employé par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour qualifier les récentes mobilisations de rue, les libraires s’en veulent les « porte-voix ». De la librairie Ombres blanches à Chantelivre, en passant par Point-Virgule ou encore le groupe Folies d’encre, tous les signataires affichent une « indéfectible solidarité » avec l’éditeur arrêté par les autorités britanniques : « Nous avons ensemble déjà traversé quelques tempêtes, comme au moment de l’affaire Tarnac en 2008 (qui a donné lieu à une relaxe collective), et nous sommes plus que jamais déterminé.es et enthousiastes à l’idée de diffuser leurs livres ».
Mais le soutien sans faille à l'égard des membres de La Fabrique est aussi contrebalancé par l’expression d’un ressentiment, au sujet d’une affaire qui « rappelle que le commerce de livres est une activité surveillée ». Évoquant une « crise politique et idéologique », les libraires dénoncent « la grave dérive autoritaire d’un gouvernement aux abois qui traite sa population en ennemi et les oppositions en criminels » ainsi qu’une « odieuse tentative d’intimidation envers toutes celles et ceux qui participent à la production et à la diffusion des pensées critiques ».
Et de conclure en réaffirmant leur position : « Nous continuerons d’apporter notre concours résolu sous le manteau protecteur de nos subversives boutiques ».