Neige d'oubli. Noël est propice aux miracles. Pour les chrétiens, c'est la naissance de Jésus. Pour tout le monde, c'est jour de fête. La littérature affectionne aussi cette période qui instille de l'enchantement dans l'air. Peter Stamm, dans sa novella Mon Noël avec Marcia, imagine un artiste suisse de retour à New York en quête d'une femme rencontrée par hasard un 25 décembre trente-trois ans auparavant. Le narrateur, prénommé comme l'auteur, raconte comment, artiste en herbe et sans le sou, il avait décidé de ne pas rentrer voir ses parents à Noël préférant le passer seul à New York, où il vivait à l'époque. Une jeune femme l'avait abordé dans la rue et lui avait taxé une cigarette, puis demandé de l'argent. Faute d'obtenir son obole, c'est elle, en fin de compte, qui l'avait invité chez elle : c'était son anniversaire, lui avait-elle dit. Ils avaient couché ensemble. Son nom était Marcia, c'est tout ce dont se souvient Peter... Trois décennies plus tard, revoilà le narrateur en Amérique quittant sous la neige sa résidence d'artiste dans le Vermont. Ce lieu appartient à la fondation des parents de Marcia qui, lui avait-elle révélé, étaient très riches. Elle-même était photographe. À la librairie de la fondation, il découvre un album de Marcia dédié à « Peter »... L'auteur d'Agnès (Christian Bourgois, 2000) aborde les thèmes de l'amour fugitif et de la disparition. Il fait craquer le vernis du banal grâce à son écriture à la simplicité magnétique, à la fois elliptique et tendue, et signe un étrange conte de Noël sur le mystère des êtres.