Personnage clé de la bataille d’Alger, le général à l’œil bandé a brisé la loi du silence à l’automne 2000 dans un entretien accordé au journal Le Monde. Il y assume “sans remords ni regrets” exécutions sommaires et actes de torture. Ancien résistant et ancien d’Indochine, il est appelé par le général Massu en janvier 1957 pour démanteler le réseau du FLN et mettre fin aux attentats. La publication de cette longue interview a provoqué une gigantesque onde de choc en France comme en Algérie.
Dans Services spéciaux, Algérie 1955-1957, dans lequel le vieux général persiste six mois plus tard, il écrit en préambule qu’ “on m'avait appris à tuer sans laisser de traces, à être indifférent à ma souffrance et à celle des autres. Tout cela pour la France”.
Paul Aussaresses révèle notamment qu’en mars 1957 il aurait pendu le militant Larbi Ben M’Hidi et fait jeter dans le vide Ali Boumendjel, un avocat proche du FLN. Des aveux qui démentent la thèse officielle de l’armée française selon laquelle ces deux hommes se sont suicidés.
Condamné pour “apologie de la torture”
Déchu de sa Légion d’honneur sur ordre de Jacques Chirac, Paul Aussaresses est poursuivi et condamné par la justice française pour “apologie de la torture”. Olivier Orban et Xavier de Bartillat, des éditions Plon, sont également condamnés à payer une amende.
Cet homme énigmatique apparaît par ailleurs en filigrane dans plusieurs récits. Il est le capitaine Boisfeuras dans Les centurions (Presses de la Cité) de Jean Lartéguy, et “le barbu” dans le roman Meurtre dans le Pignadar (Hachette) de Robert Escarpit. Il est également présent dans La torture dans la République (Minuit) de Pierre Vidal-Naquet et dans La Guerre d’Algérie (Fayard) d’Yves Courrière.
Après Services spéciaux, Algérie 1955-1957 qui fut un succès de librairie, Paul Aussaresses a publié Pour la France: services spéciaux 1942-1954 en 2001 et Je n’ai pas tout dit: ultimes révélations au service de la France en 2008, tous deux au Rocher.