Il était l'un des dissidents tchèques les plus connus. L'écrivain Jan Trefulka est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi à Brno, a annoncé sa famille. Né en 1929, il a milité contre le régime totalitaire de Gustáv Husák dans les années 1970 et 1980. Il est l'un des signataires de la «Charte 77», célèbre manifeste rédigé par Vaclav Havel en 1976, qui rassemble des artistes, des universitaires et des citoyens ordinaires pour le respect des Droits de l'Homme. Jan Trefulka est alors interdit de publication.

Dans les années 1960, il a été directeur d'une maison d'édition et rédacteur en chef d'une revue littéraire. En 1968, alors que la Tchécoslovaquie est occupée par l'armée soviétique, il est réduit au silence. Ce n'est qu'après la Révolution de velours de 1989 qu'il prend de nouveau part à la vie littéraire du pays.

Son métier, «une mission»

Le contexte politique et son engagement se reflètent dans ses romans. «Jan Trefulka faisait partie avec Milan Kundera, Ludvik Vaculik et Arnost Lustig d'une génération extraordinaire pour laquelle le métier d'écrivain était une mission», a déclaré jeudi Miroslav Balastik, rédacteur en chef de la revue littéraire Host. Il s'était d'ailleurs lié d'amitié avec l'écrivain Milan Kundera.

Jan Trefulka, qui a émigré en France en 1975, a publié trois ouvrages dans l'Hexagone: Hommage aux fous (1986), dans lequel un homme qui se croit condamné découvre l'amour à 60 ans, Séduit et abandonné (1990), l'histoire d'un homme séduit notamment par l'utopie du marxisme, et abandonné par tout et par tous, édités par Gallimard. En 1999, les éditions Esprit des péninsules publient Le grand chantier, dans lequel un employé en pleine crise de quarantaine se montre sensible aux charmes de ses trois collègues de bureau.