En fin de compte. Le petit et souriant Youn adore compter. Il le fait à chaque occasion et avec tout ce qui lui tombe sous la main. Ou sous le pied, là où les doigts sont également au nombre de dix. Puis ce sont les minutes, les heures qui retiennent son attention. Ensuite viennent les jours. Puis tous les mois de l'année défilent, du froid janvier au sombre décembre. Enfin les années passent qui, elles aussi, se laissent compter. Un jour, Youn a un fils qui a la même passion que lui. Par quoi fiston va-t-il commencer ? Ce joli album, qui emprunte à la composition de la bande dessinée, s'adresse tout autant aux amateurs de chiffres que de lettres, bien qu'il raconte une histoire sans paroles. Il invite à la contemplation. Les grandes images sobres et douces montrent en effet Youn toujours devant le même paysage, celui, immuable malgré le temps et les saisons, de sa vallée et de sa maison. Au début, c'est l'histoire d'un petit garçon qui aime les chiffres, mais au bout du compte, c'est l'histoire de toute une vie qui se raconte sous nos yeux. Un conte du temps qui passe doucement, sans heurts, sans même que l'on s'en aperçoive. Le format tout en hauteur, le grain du papier, les couleurs qui changent au gré des saisons, le trait simple du dessin achèvent de nous charmer. Ici, tout n'est que douceur et plénitude. Un album qui fait du bien et qu'on recommande aux petits turbulents de tout poil. On pense aux vers d'Apollinaire : « Vienne la nuit sonne l'heure / Les jours s'en vont je demeure. »