En octobre 2012, Tristram créait "Souple", une collection qui souhaite accueillir à terme des titres d’autres maisons et des inédits à côté des ouvrages de son fonds. "Nous avions toujours répugné à céder nos droits à des collections de poche, explique l’éditeur, Jean-Hubert Gailliot. Le poche nous permet par exemple de tendre vers des œuvres complètes d’auteurs très importants, ce qui serait inenvisageable en grand format", précise-t-il.
Ce tournant est couronné par de beaux résultats, puisque "Souple" représente désormais la moitié du chiffre d’affaires de Tristram. "La vraie liberté est d’avoir le grand format et le poche, c’est comme si, avant, nous n’avions qu’un seul poumon", estime Jean-Hubert Gailliot.
Zulma a également sauté le pas, dès mai 2013, avec la collection "Z/a". Un choix dont se félicite sa directrice, Laure Leroy : "Passer les livres en poche dans notre propre collection nous permet d’avoir une continuité dans l’image et la progression éditoriale de la maison. Surtout, le lecteur nous identifie." La démarche inspire cette année Philippe Rey, Le Tripode et Glénat.
"Fugues"
: une collection polyphonique.
Ce printemps, Philippe Rey lance "Fugues", sa première collection de semi-poches, avec un prix au titre entre 9 et 12 euros. "Il s’agit de redonner une deuxième vie à des textes qui le méritent, plaide le directeur général qui a donné son nom à sa maison. Nous allons reprendre des textes indisponibles, publier des titres qui n’existent pas encore en poche et, pourquoi pas, donner une troisième vie à des livres déjà parus en petit format."Les titres de la collection proviennent du fonds, mais aussi d’autres maisons comme pour Le temps scellé d’Andreï Tarkovski, qui a été publié en grand format par les Cahiers du cinéma. Parmi les signatures figurent également Lucia Nevaï, Gisèle Pineau ou encore Joyce Carol Oates. "Fugues", fidèle à la référence musicale, donne à entendre plusieurs voix.
"Météores"
: dans la galaxie poche.
Le Tripode, né l’été dernier de la scission d’Attila en deux entités éditoriales indépendantes, a inauguré en mars "Météores", une collection de semi-poches. "Les gens ne sentent pas toujours la cohérence du catalogue, car chaque livre part dans une direction totalement inattendue avec un graphisme propre, justifie Frédéric Martin, directeur du Tripode. J’ai pensé que si j’arrivais à fondre tous ces auteurs improbables dans une même maquette, cela permettrait de révéler une certaine cohérence d’esprit plus que de genre littéraire." L’éditeur a conçu lui-même la maquette de la collection, qu’il envisage comme un outil de liberté supplémentaire. Le poche doit avant tout permettre au Tripode de poursuivre son ambition : faire lire des auteurs qui sortent des cases."Glénat poche"
: pour toucher les
plus jeunes.
Chez Glénat, c’est sans doute "le" défi de l’année 2014. En juin, l’éditeur lance "Glénat poche", une collection qui adapte les personnages du catalogue jeunesse et en crée de nouveaux en format et à prix réduits (4,99 euros). "C’est un défi, car nous n’avons jamais été éditeur de poche. Il s’agit d’un marché très concurrentiel avec des acteurs comme Hachette Jeunesse : nous devons donc nous démarquer et faire notre trou rapidement", explique Marion Glénat-Corveler, responsable du développement commercial de la maison.La collection s’adresse aux enfants avec des novélisations de mangas comme Chi et Kilari, de dessins animés tels que Les lapins crétins, ou encore de bandes dessinées. Une série inédite, Psicopattes, est également prévue. "Nous voulons proposer une offre aux plus jeunes qui n’ont pas encore la capacité de lire des bandes dessinées et des mangas. C’est aussi un format rassurant pour les parents qui peuvent se familiariser par ce biais-là à l’univers du manga et voir que ce n’est pas forcément violent", détaille Marion Glénat-Corveler. Et en cas de joli succès, l’éditeur ne s’interdit pas de transformer un livre de poche en grand format. <