Avant-Critique Roman

L’amour, toujours. Deux ans après la parution de son premier roman, Maruska Le Moing est de retour chez Gallimard. Ce deuxième opus, Forever young, est, comme le premier, imprégné de l’histoire personnelle de l’autrice. Dans Aimez-vous les uns les autres, Maruska Le Moing cherchait à se venger d’une mère haïe depuis l’enfance. Ici, elle fait s’entrecroiser deux histoires d’amour. D’un côté, un jeune couple qui, sorti des grandes écoles, se lance dans la vie active. De l’autre, le père de la jeune femme, tombé sous le charme d’une veuve sexagénaire.
 
À l’aube de leur vie d’adultes, Aurélien et Bérénice, avec leurs prénoms prédestinés de héros de tragédie, tâchent de construire ce qui ressemble à une certaine vision du bonheur bourgeois : l’achat d’un appartement, la congélation des ovocytes en prévision de l’avenir… et le début de carrières prestigieuses, finalement plus ennuyeuses que prévu. L’un se perdra dans les soirées alcoolisées, l’autre dans une surcharge de travail et des soins prodigués à son vieux père. « Comment la vie est-elle devenue si cireuse, notre quotidien si confortablement étouffant ? », s’interrogera le héros.
 
À côté de ce jeune couple, Magda et Michel vont redécouvrir, comme pour la première fois, les délices de l’amour. Malgré leur santé chancelante, ils seront rattrapés par ce dernier cadeau de la vie, cette dernière histoire inespérée. Leur seul but devient alors celui de vivre leur amour en déjouant les plans de la mort, faucheuse au tournant : « Sur le banc mouillé, Magda, soixante-sept ans, sait une chose pourtant : elle ne croit pas à la vieillesse. Ça ne peut pas être que ça, elle le sait, elle le sent. Ça ne peut pas s’arrêter là. Il reste trop à faire encore. Tout à faire, encore. »
 
Loin d’opposer deux visions antagonistes, l’autrice propose, dans une langue raffinée, concise et imagée, une réflexion sur le couple et les attentes qu’on y attache. Le dénouement, inattendu et sombre, confirme le talent de l’autrice pour dérouter son lecteur. Il sera plusieurs fois question de l’opéra Don Giovanni dans ce roman (l’autrice est par ailleurs chanteuse lyrique), mais l’épilogue résonne plutôt comme celui des Noces de Figaro, pour sa réflexion amère du bonheur conjugal.
 

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