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Martin Gray, auteur d'“Au nom de tous les miens”, est mort

Martin Gray - Photo DR

Martin Gray, auteur d'“Au nom de tous les miens”, est mort

De la Shoah où sa famille a été exterminée à un incendie qui a emporté sa femme et leurs enfants, Martin Gray a puisé une œuvre humaniste où l'écriture a servi de thérapie.

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Par Vincy Thomas,
Créé le 25.04.2016 à 19h10

L'écrivain franco-américain Martin Gray, auteur d'Au nom de tous les miens, est mort à l'âge de 93 ans à Ciney en Belgique, a-t-on appris lundi 25 avril.

Né le 27 avril 1922, il avait été transféré durant la seconde guerre mondiale dans le ghetto de Varsovie avant d'être déporté au camp de Treblinka avec sa mère et ses frères, qui y furent exterminés. Dans le camp, il fait partie des Sonderkommandos, récemment filmés dans Le Fils de Saul de Laszlo Nemes, où il est chargé d'extraire les corps des chambres à gaz.

De Varsovie à Mandelieu

Survivant à la Shoah, il revient à Varsovie où il retrouve son père, qui sera abattu sous ses yeux quelques jours plus tard. Après avoir rejoint l'Armée rouge à la fin de la guerre, il décide d'émigrer à New York en 1947 où réside sa grand-mère. Antiquaire, devenu citoyen américain en 1952, il s'installe finalement en France avec son épouse à la fin des années 1950 près de Mandelieu, dans les Alpes-Maritimes.

La tragédie continue de s'abattre sur lui quand en octobre 1970 son domaine agricole prend feu. Sa femme, Dina Gray, et leurs quatre enfants périssent dans l'incendie. Proche du suicide, il se décide alors à écrire.

Résilience et thérapie par l'écriture

Avec Max Gallo, il écrit Au nom de tous les miens, récit autobiographique racontant ses deux tragédies personnelles, de la Pologne occupée par les Nazis à l'incendie en Provence. La transcription de Max Gallo a fait l'objet de plusieurs polémiques concernant la véracité de certains faits mais le témoignage de Martin Gray a été jugé authentique. Le livre est un best-seller et a été adapté au cinéma par Robert Enrico, avec Michael York et Brigitte Fossey dans le rôle de son père et de sa mère. Le film a été nommé pour le César du meilleur scénario. Le livre, paru chez Robert Laffont, est traduit en 26 langues.

S'il ne s'est jamais considéré comme écrivain, il a publié une douzaine d'ouvrages chez Robert Laffont dont Le livre de la vie: pour trouver le bonheur, le courage et l'espoir (1973), La vie renaîtra de la nuit (1977), Le nouveau livre, où il égraine un thème par jour de l'année (1980), J'écris aux hommes de demain (1983), Entre la haine et l'amour (1990) et La prière de l'enfant (1994). Après dix ans de silence, il publie un cri de colère dans Au nom de tous les hommes (2004) chez Seghers. Enfin, il s'adresse aux jeunes générations dans un livre d'entretiens avec Mélanie Loisel, Ma vie en partage, paru en 2014 aux éditions de l'Aube, disponible en version poche depuis janvier.

La Belgique, sa dernière résidence

Après s'être installé près de Bruxelles dans les années 2000, il retourne à Cannes avant de venir résider à Ciney en Belgique. Martin Gray s'est remarié deux fois et a eu cinq enfants.

Il a été président de l'Arche de la Défense entre 1989 et 2001 et a créé la Fondation Dina Grey à but écologique. Docteur honoris causa de deux universités, il avait aussi été distingué par la Médaille d'or du mérite européen.

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