Début octobre, l’horizon du livre à Besançon s’est brusquement éclairci. Michel Méchiet, fondateur en novembre 2003 de L’Intranquille à Pontarlier, à 60 kilomètres de Besançon, a signé l’acte d’achat des murs qui accueilleront, à la fin du premier semestre 2014, sa seconde librairie généraliste. Un aboutissement quasi inespéré pour le libraire, qui a mis plus d’un an à clore son projet, échafaudé dès qu’il s’est retiré de la course à la reprise de Camponovo, à l’été 2012. L’envergure du dossier, autour de 3 millions d’euros, le bâtiment convoité, un ancien cinéma en déshérence depuis dix ans mais classé sur la liste des monuments historiques, et l’ampleur des travaux à réaliser ont notamment nécessité de longues tractations, d’ailleurs encore en cours côté financement.
Avec ce nouvel espace, situé en centre-ville dans une rue très commerçante, Michel Méchiet veut donner à Besançon une digne héritière de Camponovo. Pour l’avoir dirigée entre 1999 et 2003, il connaissait bien l’institution bisontine, fermée en novembre 2012 et dans laquelle il reconnaît avoir « passé de si belles années ». La nouvelle Intranquille proposera donc sur 1 000 mètres carrés et 5 niveaux un assortiment fourni, plus de 60 000 références, qui feront notamment la part belle à l’universitaire. Néanmoins, « si l’état d’esprit sera identique à Camponovo, je construirai une librairie différente, avec sa propre histoire », souligne le libraire. Il a donc imaginé un lieu qui marie «sauvegarde du patrimoine et contraintes d’un commerce moderne». Ainsi, la coupole de 27 mètres, qui couronne le bâtiment, fera office de puits de lumière et sera visible de l’ensemble des étages, « à la manière des galeries Lafayette parisiennes », annonce le libraire.
Le projet, très attendu, porte un coup d’arrêt à la succession de fermetures que Besançon enregistre depuis deux ans. Après Cart en juillet 2011, qui a cédé sa place à une supérette Casino, et Camponovo en novembre 2012, dont les locaux demeurent vides, cela a été au tour de la librairie-cave à vin Les Gourmands lisent de cesser son activité le 20 septembre dernier. «Une librairie supplémentaire dans ce paysage déstructuré ne peut être qu’une bonne nouvelle», analyse Michel Méchiet, pour qui « la concentration fait la réussite ».
Cécile Charonnat