Lightning Source

L’impression à la demande au service de l’import-export

Le stand Lightning Source à Livre Paris 2017. - Photo Olivier Dion

L’impression à la demande au service de l’import-export

Associés au sein de Lightning Source France, la société américaine éponyme et Hachette vont s’appuyer sur l’IAD pour faciliter l’importation des livres imprimés étrangers en France tout comme l’exportation et la diffusion des titres français sur les marchés étrangers.

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Par Hervé Hugueny
avec Créé le 14.04.2017 à 01h33

Dans les prochaines semaines, l’unité d’impression à la demande (IAD) installée dans le centre de distribution d’Hachette Livre à Maurepas (Yvelines) va fabriquer des ouvrages d’éditeurs anglais et américains qui seront diffusés en France, remplaçant leur importation depuis les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. "Les livres universitaires et professionnels représentent le meilleur potentiel, mais aucun secteur n’est exclu, y compris la romance", estime Benoît Aubin, directeur opérationnel de Lightning Source France. Créée en 2009, la société appartient à parts égales au groupe Hachette et à Lightning Source, imprimeur numérique spécialisé dans la fabrication de livres à l’unité et à la demande (35 millions de volumes par an), filiale d’Ingram, le premier distributeur-grossiste américain de livres.

La finition des ouvrages au centre de distribution d’Hachette à Maurepas (Yvelines).- Photo HERVÉ HUGUENY/LH

L’intégration des métadonnées des livres dans Dilicom, la base de commandes des libraires en France, constitue le principal travail préalable. "Lightning Source peut fournir 15 millions d’ouvrages, mais il n’est pas question de noyer les libraires avec une telle masse. Nous proposerons quelques centaines de milliers de références. Leur nombre dépendra de la volonté des éditeurs d’être commercialisés ainsi en France. Nous avons commencé par expliquer le marché français aux équipes de Lightning Source qui les représentent : le prix unique, la TVA réduite, les différents circuits de diffusion, l’importance de la librairie indépendante, etc.", indique Benoît Aubin.

110 éditeurs

En sens inverse, Hachette proposera aux éditeurs distribués par le groupe de faire imprimer leurs livres dans les unités de fabrication de son partenaire. "Nous disposons de quatre sites aux Etats-Unis, d’un au Royaume-Uni et d’un en Australie", énumère David Taylor, président de Lightning Source France et senior vice-président chez Ingram, chargé du développement du catalogue international. L’objectif est de rendre ce service opérationnel après l’été. Il s’agit d’améliorer l’organisation de l’exportation du livre, allégée des frais de transport, et d’accroître ce marché pour le moment servi par les moyens classiques de la distribution physique. "Hachette sert 20 000 points de vente dans le monde, et Ingram 40 000", mentionne Benoît Aubin. Le groupe américain est toutefois d’abord implanté dans les pays anglophones, où le potentiel d’un catalogue francophone est moindre.

Les deux partenaires ont testé cette exportation dématérialisée de livres imprimés avec le fonds libre de droits de la Bibliothèque nationale de France (BNF), proposé aux Etats-Unis. "Les résultats sont au-dessus de ce que nous attendions", assure David Taylor, sans donner de chiffres. En 2013, Hachette avait conclu un accord avec BNF Partenariats pour proposer des fac-similés des livres de Gallica, la bibliothèque numérique de la BNF. Ouvert avec 40 000 titres, ce fonds augmente en permanence et en compte maintenant 147 000, identifiables dans la base electre.com sous la référence éditoriale Hachette BNF. Le groupe l’expose également sur un site du même nom, pour lui donner une visibilité sur Internet. Le site classe les livres par rayons, distingue les nouveautés, propose des thématiques en fonction de l’actualité comme le ferait un libraire, mais sans vente directe. Les prix vont de 6 à 40 euros, avec une offre importante entre 18 et 20 euros. Un petit manuel d’expérimentation magnétique et hypnotique, un traité sur le pain et la panification, et un autre sur l’art des jardins font partie des meilleures ventes, à quelques centaines d’exemplaires par an au total, selon Benoît Aubin. Les trois auteurs les mieux représentés sont Voltaire, Molière et Dumas.

Les références contemporaines sont au nombre de 80 000, proposées par 110 éditeurs, dont 88 hors du groupe. Il s’agit à la fois d’éditeurs numériques, notamment en autoédition, qui souhaitent diffuser aussi des versions imprimées de leurs livres, et de maisons qui veulent maintenir à leur catalogue des titres de faible vente, mais sans supporter de frais de stockage. Au sein d’Hachette, Grasset, Fayard, Dunod/Armand Colin qui possèdent les fonds les plus anciens et les plus étendus représentent les premiers utilisateurs. "Sur 8 000 à 9 000 références, environ un millier sont en impression à la demande", estime Régis Pineau, directeur commercial d’Armand Colin et Dunod, et de UP Diffusion, un département du groupe qui représente une vingtaine de marques d’éditeurs tiers, surtout en droit et sciences (Dalloz, Ediscience, Elsevier-Masson, etc.).

Nouveaux débouchés

Lorsqu’un tirage est épuisé, les éditeurs arbitrent désormais entre une réimpression classique ou l’IAD, en fonction du volume de vente attendu. "Cette solution est intéressante jusqu’à 200 ventes annuelles", indique Benoît Aubin. L’IAD est plus chère à l’unité, mais elle génère des recettes qui n’existaient pas dans les conditions antérieures de fabrication, sur des livres dont les frais d’édition sont amortis. Elle reste cependant limitée : chez UP Diffusion, les titres en IAD représentent environ 12 % du catalogue, mais moins de 5 % des ventes, estime Régis Pineau. Les éditeurs suppriment progressivement les interdictions de retour, les livres sont expédiés dans les mêmes délais, et ils ne se distinguent plus des tirages offset, si bien qu’ils ne sont plus forcément signalés en IAD dans Dilicom ou electre.com.

En agrégeant tous ces micro-tirages, Lightning Source a atteint une belle rentabilité, confortée par la recherche constante de nouveaux débouchés, tels les fac-similés de la BNF, ou le développement croisé de marchés étrangers maintenant. En 2015, le chiffre d’affaires a atteint 1,44 million d’euros (+ 21 % par rapport à 2014), pour un bénéfice de 228 000 euros. "Notre activité a progressé de 25 % en 2016, et nous prévoyons une hausse de 25 à 30 % cette année", anticipe Benoît Aubin. Une troisième presse Canon-Océ noir et blanc vient d’être installée, s’ajoutant à la presse couleur, récemment acquise, et à d’autres investissements en finition pour accroître la productivité de l’équipe de sept personnes.

La concurrence va toutefois s’accroître, avec le lancement de Copernics, le service d’impression numérique conçu par le groupe américain Epac installé à Malesherbes dans le centre de distribution d’Interforum, filiale d’Editis. Alors que 500 000 livres environ sont fabriqués chaque année à Maurepas, la capacité d’impression de Copernics sera de 10 millions d’exemplaires, de l’unité au court tirage, mais toujours en réponse à une demande et pour une livraison immédiate, sans stockage. Au-delà de l’économie pour les éditeurs du groupe Editis, l’objectif est aussi d’augmenter le nombre d’éditeurs tiers, que se disputent les distributeurs.

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