Après avoir passé quatre ans dans les prisons chinoises parce qu'il avait publié son recueil de poèmes «
Le grand massacre » dédié à la répression du 4 juin 1989 sur la place Tiananmen), Liao Yiwu, interdit de festivals littéraires à l'étranger (
1), a décidé de s'exiler en Allemagne pour pouvoir écrire et publier ses livres en toute liberté. Il est arrivé le 6 juillet dernier et se trouve actuellement dans le quartier de Charlottenburg (à Berlin).
Plus tôt dans l'année, il avait été mis en examen lors d'une répression des dissidents du régime de la part des autorités chinoises. A cette occasion, des dizaines d'activistes et d'intellectuels ont été arrêtés dont Teng Biao, Liu Xiaobo, Ai Weiwei (depuis libéré) et lui-même, tous signataires de la Charte 08, manifeste publié le 10 décembre 2008 et signé par plus de 303 intellectuels chinois et activistes des droits de l'homme pour promouvoir la réforme politique et le mouvement démocratique chinois en Chine. Yiwu a été relâché il y a peu mais a été obligé de signer une ordonnance de non-publication.
Né à Sichuan en 1958, année de la mise en place du « Grand Bond en avant » par Mao Tsé-Tung, Liao Yiwu s'est toujours attaché à dénoncer les injustices de son pays natal en prenant des marginaux et exclus de la société chinoise comme personnages de ses oeuvres. C'est cette écriture presque documentaire qui est à l'origine de son succès à l'étranger et de sa persécution en Chine.
Liao Yiwu a publié certaines de ses oeuvres en France :
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Quand la terre s'est ouverte au Sichuan : journal d'une tragédie, traduit du chinois par Marc Raimbourg, sous la direction de Marie Holzman, préface Marie Holzman, paru le 20 mai 2010 (Buchet Chastel),
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Poèmes de prison, traduit du chinois par Shanshan Sun, Anne-Marie Jeanjean, paru en 2008 (L'Harmattan),
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L'Empire des bas-fonds, traduit du chinois par Marie Holzman, paru en 2003 (Bleu de Chine)
Récemment il a fait paraître en Allemagne,
Pour une chanson et une centaines de chansons (S. Fischer), qui raconte l'horreur de son séjour en prison.
Liao n'a pas révélé le nom des personnes qui l'ont aidé à s'exiler. Il affirme ne pas avoir pour projet de retourner en Chine - même s'il le désire - et va rester vivre à Berlin, où il a obtenu une bourse d'un an (à compter de 2012) par une agence d'échanges universitaires fondée par l'Etat.
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(1) voir
actualité du 9 mai 2011