L’année du livre pour Strasbourg touche à sa fin. La labellisation Capitale mondiale du livre Unesco 2024 se conclura le 16 avril avant la transmission du flambeau à Rio de Janeiro le 24 avril.
Lors d'une conférence de presse organisée le 20 mars à l'hôtel de ville, la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian a salué « une année incroyable ». Pendant la présentation de la programmation Épilogue du 1er au 16 avril, l'édile a déclaré que cette ultime opération « prouvera encore une fois que Strasbourg est et restera une ville du livre ! »
Lire aussi : À Strasbourg, capitale mondiale 2024, la grande fête du livre
Alors que l'objectif était de se concentrer sur l’accès au livre et à la lecture, de lutter contre l’illettrisme et se consacrer aux jeunes lecteurs, la mairie alsacienne s'est félicitée d'avoir organisé plus de 1 500 événements et actions autour du livre et de la lecture, au lieu des 300 prévus lors du lancement. La moitié se sont déroulés dans des quartiers hors du centre-ville, dans la lignée de la lecture pour la jeunesse avec 190 actions scolaires qui ont touché près de 10 000 élèves, mais aussi des collectes de livres et des dons en crèches, écoles, et centre médico-sociaux.
Des acteurs locaux partagés
À l'échelon local, le bilan apparaît cependant plus contrasté. « Les actions mises en place, c’est prendre de l’existant et coller le label Capitale du livre dessus », regrette Florent Grandin, gérant des éditions Père Fouettard, situées à Strasbourg. L’éditeur fait notamment référence aux rencontres d’auteurs à la maison d’arrêt de Strasbourg dans le cadre du Goncourt des détenus et au festival biannuel de Strasbourg des Bibliothèques idéales, qui était déjà en place avant la labellisation.
« On est déçus. Quand nous appris la nouvelle il y a trois ans, nous y avons vu l’occasion d’organiser des animations socio-culturelles et d'une mise en avant des auteurs. Nous avons envoyé beaucoup de propositions spontanées mais sans réponse. Ils ne se sont pas appuyés sur les acteurs locaux », poursuit l'éditeur. Florent Grandin ne cache son scepticisme quant à l'impact de la labellisation pour sa ville. « Beaucoup de mes amis strasbourgeois n’étaient même pas au courant de cet événement. Il n’y aura pas de répercussions ni d’effet Capitale du livre dans le temps sur la population et les acteurs locaux. »
Lire aussi : Anne-Marie Bock : « Strasbourg 2024 fera rayonner la ville et son inventivité sur le long terme »
D'autres éditeurs se montrent moins sévères. Olivier Bron des éditions 2042, également basées à Strasbourg, apprécie ainsi le rôle de la labellisation dans « l’accélération de projets ». « Nous avons été portés par l’événement pour plusieurs expositions avec l’université de Strasbourg et sur la rétrospective de 2024. Elles étaient déjà prévues mais ont été accélérées grâce à Strasbourg, Capitale du livre. » Un alignement des planètes pour la maison d’édition, anciennement nommée 2024 et qui a profité de son 14e anniversaire pour changer de nom et devenir les éditions 2042.
Olivier Bron applaudit également le système de soutien aux auteurs, similaire à celui du CNL, avec un dispositif d’aide à la recherche et à la création littéraire pour accompagner les artistes-auteurs dans le développement de leurs projets d’écriture. « On a décidé de le prolonger pour continuer de soutenir la création littéraire », a déclaré Anne Mistler, responsable aux arts et à la culture de Strasbourg.
Même son de cloche pour la librairie Kléber, située en centre-ville. « Ce qui change pour nous, c’est de passer l’année à être porté par une émulation collective, un engouement grâce à tous les événements organisés par la ville sous le prisme du livre », s’enthousiasme Alice Lechermeier, responsable communication et événement de la librairie.
Avec près de 200 rencontres par an, l’événementiel est déjà dans l’ADN de l’enseigne qui n’a pas augmenté le nombre d'événements cette année. Même sans réelles répercussions dans les ventes à cause d’un secteur en difficulté, selon Alice Lechermeier, le label Capitale mondiale a créé une effervescence et un intérêt accru pour le livre. « C’est un aboutissement de nombre de projets antérieurs. Ce label est une récompense pour Strasbourg qui est une véritable ville du livre. » Autre effet, l’organisation par le SLF de la 7e édition des Rencontres nationales de la librairie à Strasbourg.
Lors de la conférence de presse, Anne Mistler a aussi mis en avant l’axe pris par la ville dans la lutte contre la discrimination et pour l’égalité homme-femme avec un renfort de la visibilité du fonds « Olympe de Gouges » à la médiathèque éponyme.
Des actions solidaires ont aussi eu lieu, dont l’accueil d’écrivains en exil comme l’Afghan Gul Baloch avec l’entrée de la ville dans le réseau Icorn (International Cities of Refuge Network), ou « Mon sac de livres » porté par Bibliothèques sans frontières à destination d’enfants réfugiés. Une pensée et un soutien appuyés ont été adressés à Boualem Sansal (qui était présent à l’inauguration de la labellisation), lors du bilan à l’Hôtel de ville, alors que l’auteur franco-algérien est actuellement emprisonné en Algérie.
Enfin, dans le cadre de l’Épilogue, les dernières manifestations ont été présentées, dont le Marathon-Lecture les 12 et 13 avril, les Rencontres internationales de l’écologie pour le livre les 14 et 15 avril, et le temps des féminismes du 21 au 30 mars dans le cadre du festival Bibliothèques idéales, avec une multitude d’autrices invitées.
