Sabine Audrerie La Croix

Qui l'aura ? Je n'en sais rien. Les jurés ont par le passé souligné l'impératif de la fiction pour être couronné par le Goncourt, argument qui plaide pour Amélie Nothomb et Jean-Paul Dubois, auteurs des deux romans de la sélection finale, face à deux récits littéraires plus personnels. Mais tout reste ouvert puisque le jury semble désormais assumer « une conception extensive du genre roman », a souligné Françoise Chandernagor dans vos colonnes. La littérature sans étiquette donc. C'est heureux.

Bruno Corty, Le Figaro.- Photo DR

Qui le mérite ? Les quatre ouvrages retenus peuvent y prétendre et ont le potentiel d'un large lectorat. Pour Jean-Paul Dubois, avec cette nouvelle « histoire d'une vie », ce serait la consécration méritée d'une œuvre. Ma préférence va à La part du fils de Jean-Luc Coatalem, livre de deuil plein de vie qui dénoue l'histoire familiale de l'auteur, ancrée en Bretagne et en -Indochine, marquée par la disparition de son grand-père mort en déportation.

Marie-Laure Delorme, Le JDD.- Photo PHILIPPE MATSAS

Bruno Corty Le Figaro littéraire

Qui l'aura ? Amélie Nothomb. Chaque année, elle est la locomotive de l'édition. Une bénédiction pour la librairie. Elle n'a eu qu'un prix important en 20 ans. Et son livre ne manque pas d'intérêt.

Qui le mérite ? Jean-Paul Dubois. Ce serait une consécration pour une œuvre attachante et un personnage discret. Son dernier roman est une vraie œuvre d'imagination. C'est si rare !

Nathalie Crom Télérama

Qui l'aura ? Amélie Nothomb, dit la rumeur avec insistance. Dommage que ce soit pour ce roman, moins réussi, moins incisif me semble-t-il que nombre de ses livres précédents.

Bernard Lehut, RTL.- Photo OLIVIER DION

Qui le mérite ? Philippe Forest, Marie Darrieussecq, Santiago Amigorena. Et encore, si l'on s'en tient à la dernière liste, Olivier Rolin, qui devrait figurer déjà au palmarès du prix. Cependant, parmi les quatre livres restant finalement en lice, celui de Jean-Paul Dubois me semble s'imposer avec une vraie évidence. Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon est un beau roman, fluide et profond comme le sont souvent les ouvrages de cet auteur discret, qui a déjà ses lecteurs fervents mais pourrait en conquérir nombre d'autres.

Grégoire Leménager, L'Obs.- Photo DAVID CAVIGLIOLI

Marie-Laure Delorme Le Journal du Dimanche

Qui l'aura ? Les prix doivent servir la littérature et non pas se servir de la littérature. Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon (L'Olivier), de Jean-Paul Dubois, pourrait recevoir le prix Goncourt car ce beau roman est à la fois littéraire et grand public. Ses livres ont longtemps été défendus avec fierté par Virginie Petracco. On se chamaille entre critiques pour savoir lequel des romans de Jean-Paul Dubois est le plus réussi, ce qui prouve qu'il en a réussi plusieurs.

Raphaëlle Leyris, Le Monde.- Photo DR/LE MONDE

Qui le mérite ? Le roman de Jean-Paul Dubois est un superbe roman, tout simplement. Mais je dois avouer qu'après une rentrée occupée par de faux inédits (Sagan) et de vrais scandales (Moix), je serais heureuse de voir couronner un auteur et un éditeur exigeants et non tapageurs pour qui la littérature se suffit à elle-même. Cela devient rare.

Catherine Fruchon-Toussaint RFI

Qui l'aura ? Je pense que Jean-Luc Coatalem peut avoir ses chances. Très bon écrivain, avec un éditeur qui n'a pas eu le Goncourt depuis 1930, c'est un peu l'outsider face à 3 autres auteurs qui ont déjà un public fidèle. Et puis le sujet de son roman autobiographique sur les traces de son grand-père a tout pour séduire certains jurés qui ont la veine historique.

Florence Pitard, Ouest-France.- Photo DANIEL FOURAY

Qui le mérite ? Mon cœur balance entre Jean-Paul Dubois et Olivier Rolin, deux écrivains magnifiques tant par leur style que par leur regard authentique sur le monde. Un seul argument me ferait pencher en faveur de Jean-Paul Dubois, son éditeur qui mérite bien aussi le Goncourt.

Alain Jean-Robert AFP

Qui l'aura ? Amélie Nothomb semble tellement favorite que je n'arrive pas à croire que les Goncourt seront aussi prévisibles. Je fais donc le pari qu'ils choisiront Jean-Paul Dubois, dont le roman est un bonheur de lecture.

Jean-Claude Vantroyen, Le Soir.- Photo DR

Qui le mérite ? Assurément Jean-Paul Dubois. Il a une œuvre et ce livre particulier qui dresse le portrait d'un homme confronté à l'injustice et au mépris est simplement formidable. Cela dit, donner le prix à Olivier Rolin me réjouirait. Son livre n'est pas un roman, c'est foutraque, pas dans l'air du temps... mais j'adore. C'est de la littérature !

Nelly Kaprièlian Les Inrockuptibles

Qui l'aura ? Amélie Nothomb, sans doute. Il paraît que le jury veut un coup d'éclat (comprendre : un énorme succès) et Soif est déjà un best-seller. Cent ans après le Goncourt attribué à Proust, ce serait d'une tristesse... Nothomb est sympathique, certains de ses textes le sont aussi, mais Soif, qui repose sur une fausse bonne idée, académique et plat. Autre possibilité : Jean-Paul Dubois. Il arrive à la deuxième place des meilleures ventes après Nothomb.

Qui le mérite ? Santiago Amigorena pour son magnifique Ghetto Intérieur (mais POL n'a reçu le Goncourt qu'une seule fois, je ne suis pas sûre que le jury aime cette maison...), ou Léonora Miano avec son épique et politique Rouge impératrice. Ces deux-là ayant été évacués de la dernière sélection, je dirais Olivier Rolin avec Extérieur Monde, ses anti-mémoires à la beauté crépusculaire. Parce que sur cette short-list très démago, il fait figure de seul écrivain vraiment littéraire.

Bernard Lehut RTL

Qui l'aura ? Amélie Nothomb. L'alignement des planètes semble idéal pour l'auteure de Stupeur et tremblements. Plusieurs membres du jury, et pas des moindres, ne se cachaient pas dès fin août pour faire d'Amélie leur favorite. Cette 3e sélection sur la liste du Goncourt, après celles de 1999 et 2007, pourrait bien être la bonne pour la romancière belge.

Qui le mérite ? Jean-Paul Dubois. Depuis 30 ans, l'auteur d'Une vie française bâtit une œuvre majeure avec des romans reconnaissables entre tous, un style incomparable, un univers unique. Son dernier livre offre la quintessence de son art, sa capacité inégalée à nous consoler de la violence du monde par l'intrusion du burlesque et de la tendresse.

Grégoire Leménager L'Obs

Qui l'aura ? Jean-Paul Dubois, parce qu'après avoir eu l'audace de récompenser Eric Vuillard, puis Nicolas Mathieu, l'Académie Goncourt tient l'occasion de couronner un excellent conteur, élitiste pour tous, dont le style gracieux et l'humanisme profond enchantent autant les lecteurs occasionnels que les amateurs de littérature les plus voraces et les plus exigeants. Ce qui n'est pas forcément le cas d'Amélie Nothomb, par exemple.

Qui le mérite ? Jean-Paul Dubois, parce qu'il le mérite depuis longtemps. Et parce qu'il est cette année l'auteur d'un roman parfait, à la fois drôle, émouvant, intelligent et impeccablement construit, qui prolonge ce qu'il faut bien appeler une œuvre.

Raphaëlle Leyris Le Monde des livres

Qui l'aura ? Jean-Paul Dubois. Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon est à la fois beau et grand public, résolument du côté de la fiction, ce qui lui fait cocher un nombre de cases non négligeables. Ce serait mérité pour lui autant que pour les éditions de l'Olivier.

Qui le mérite ? Marie Darrieussecq aurait fait une épatante lauréate. La mer à l'envers parle de nous, du temps où nous vivons, avec tellement d'intelligence et d'humour.

Baptiste Liger Lire

Qui l'aura ? Un lauréat étant souvent le fruit de compromis, Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon de Jean-Paul Dubois (L'Olivier) me semble être le choix le plus cohérent et le plus fédérateur : un auteur talentueux, un roman réussi et plutôt grand public, et une récompense qui irait à une maison jamais sacrée par le Goncourt. Mais ce potentiel lauréat, consensuel et littérairement judicieux, correspondrait-il vraiment au cru « exceptionnel » souhaité par certains jurés ?

Qui le mérite ? Les jurés Goncourt ont-ils entendu parler de ce qui me semble être le roman français le plus ambitieux de l'année, à savoir Les furtifs d'Alain Damasio (La Volte) ? J'en doute, malgré le succès public et critique... Au vu de la liste finale, sachant que le jury aime bien, de temps en temps, sacrer un auteur qui fait lire des millions de personnes, Amélie Nothomb aurait toute sa place au palmarès. Pour Soif (Albin Michel), mais surtout pour l'ensemble de son œuvre, plus singulière qu'il n'y paraît.

Ilana Moryoussef France Inter

Qui l'aura ? Jean-Paul Dubois. Un consensus semble se dessiner en sa faveur.

Qui le mérite ? Sylvain Prudhomme, Par les routes (L'arbalète, chez Gallimard). Je ne m'explique pas que ce livre, le plus beau de la rentrée à mes yeux, n'ait même pas figuré dans la première sélection du Goncourt.

Marianne Payot L'Express

Qui l'aura ? Jean-Paul Dubois, à moins que cela soit... Amélie Nothomb. Une belle réponse de Normande en l'honneur de Marcel Proust, fêté en ce centenaire de son Goncourt. L'affrontement devrait être rude tant les partisans des deux camps campent sur leur position. En gros, ce sont les pro-Olivier Rolin qui détiennent les précieuses voix qui feront pencher la balance au terme de l'énième tour.

Qui le mérite ? Amélie Nothomb, bien sûr, et... Jean-Paul Dubois, assurément. La première fait les beaux jours des libraires depuis 1992, le second ravit ses aficionados depuis 1984. Amélie construit, pierre après pierre, une œuvre singulière, Jean-Paul tisse patiemment une fresque imposante ; les deux, experts en mots justes, hissent haut l'excellence de la littérature en langue française. Quel que soit le résultat de cette compétition belgo-française, Marcel Proust ne devrait pas se retourner dans sa tombe.

Florence Pitard Ouest-France

Qui l'aura ? Amélie Nothomb pour Soif. Amélie Nothomb ne manque pas d'audace pour s'attaquer ainsi à un sujet ô combien épineux : les dernières heures de la vie du Christ, racontées par lui-même. Bernard Pivot, président du jury, a clamé son admiration pour le roman. Les jurés du Goncourt ne refuseront sans doute pas de s'offrir un coup d'éclat en couronnant cette romancière iconoclaste, à la fois populaire et auteure d'une œuvre prolifique et de qualité.

Qui le mérite ? Le ghetto intérieur, même s'il a été écarté de la sélection. Santiago Amigorena retrace l'histoire de son grand-père, qui s'emprisonne dans le silence à mesure que se dressent les murs du ghetto de Varsovie. Vicente est loin, en Argentine, mais il a laissé sa mère là-bas. Avec beaucoup de sensibilité, le romancier imagine le processus psychologique qui l'enferme, cette culpabilité du survivant qui le coupe de ses proches. En parallèle, il décrit la machine de guerre à l'œuvre en Europe. Un roman prenant, implacable et délicat.

Jean-Claude Vantroyen Le Soir

Qui l'aura ? Amélie Nothomb. Parce que c'est l'occasion rêvée de récompenser une carrière remarquable, littéraire et populaire. Parce que Soif est un grand roman. Audacieux dans l'idée, et c'est bien ça qu'on attend de la littérature, et parfait dans la forme, concise, adéquate, inventive, agréable, et c'est ce que le lecteur attend d'un écrivain. Et puis, il semble bien que Bernard Pivot la soutient, alors...

Qui le mérite ? Amélie Nothomb encore. Depuis 1992 et en 27 romans, elle a donné à la littérature française ses lettres de noblesse. Depuis Hygiène de l'assassin et Stupeur et tremblements, Soif est son roman le plus fort, le plus abouti, le plus original, le plus personnel. Dire « je » à la place de Jésus et vivre avec lui les derniers moments de sa vie est d'une témérité folle. Aller au bout de sa matière, en n'étant jamais redondante, naïve, fanatique ou prêchi-prêcha est d'une incroyable fermeté dans le développement d'un sujet. Remettre sens dessus dessous les bases mêmes du christianisme, le sens du péché, de la faute et du salut est d'une profondeur philosophique qui fait intensément réfléchir le lecteur. On en reste cloué, comme le Christ sur sa croix.

Pierre Vavasseur Le Parisien

Qui l'aura ? Amélie Nothomb, parce que c'est l'année ou jamais pour un roman qui est sans doute le plus audacieux de tous et qu'elle tient son pari jusqu'au bout. Mais aussi parce qu'il est très probable que ce choix porté sur un nom ultra connu, y compris des non-lecteurs, engendrera un raz-de-marée de ventes fort bienvenu dans une période où la librairie tire la langue. Enfin, comme elle ne pouvait ignorer Michel Houellebecq avec La carte et le territoire et saluer du même coup une œuvre, l'Académie ne saurait définitivement ignorer celle de la romancière au chapeau.

Qui le mérite ? Le charismatique et formidable Jean-Paul Dubois, mais pas tout de suite. Chaque chose en son temps. 

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