Les femmes en force parmi les primo-romanciers

Maud Simmonot, Céline Spierer, Chantal Milman, Tiphaine Le Gall, Lou Darsan, Martine Gozlan et Anne De Rochas. - Photo OlivierDion

Les femmes en force parmi les primo-romanciers

Le ratio femmes/hommes s'est inversé parmi les auteurs des premières œuvres présentées pour la rentrée littéraire 2020, où la production de premiers romans atteint un niveau historiquement bas.

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Par Pauline Leduc,
Créé le 03.07.2020 à 02h30

Corrélativement à la propension des éditeurs à privilégier des valeurs sûres pour la rentrée littéraire « post--covid », seuls 65 premiers romans sont programmés cette année entre la mi-août et octobre, contre 82 l'an passé. Même si ce chiffre frôle celui de la rentrée 2016, il faut remonter aux années 90, après la guerre du Golfe, pour retrouver une production aussi contractée.

En parallèle, on assiste à une montée en puissance du nombre de primo romancières. Le ratio femmes/hommes qui prédominait ces dernières années se trouve renversé. 37 femmes et 28 hommes présenteront leur premier roman en cette rentrée. C'est le résultat d'un mouvement amorcé depuis 3 ans, alors qu'en 2017, deux tiers des primoromanciers étaient des hommes, ils étaient 50 (contre 44 femmes) en 2018 et 42 (contre 39 femmes) l'an passé.

Diversité des profils

Autre nouveauté de ce cru 2020, la très grande diversité des profils de ces nouveaux romanciers. Ils viennent du monde du journalisme tels, Francesca Serra (Belfond), Hugo Lindenberg (Bourgois), Martine Gozlan (Ecriture), Maylis Adhémar (Julliard), Adrien Borne (Lattès) ; du cinéma, comme Gilles Ribero (Allia), Loris Bardi (Le dilettante), Céline Spierer (Héloise d'Ormesson), Dany Héricourt (Liana Lévi), Alexis Metzinger (Nuée Bleue), François Hien (Rocher) ou Hadrien Bels (L'Iconoclaste) ; du livre, avec l'ancienne libraire Lou Darsan (La contre-allée), l'éditrice Maud Simonnot (L'Observatoire) ou le blogueur et critique Lucien Raphmaj (Ogre) ; de l'art, telle Anne De Rochas (Les Escales) et Chantal Milman (Ecriture). Mais ils sont aussi professeur de lettres modernes (Tiphaine Le Gall, L'Arbre vengeur), militants comme Luz Volckmann (Blast) ou Fabrice Capizzano (Au Diable Vauvert, pompier professionnel (Jean Marc Graziani, Joëlle Losfeld), ingénieur agronome (Louise Broaweys, Harper Collins), cadre dans le secteur aérien (Laurent Petitmangin, La manufacture des livres), jeune diplômé (David Fortems, Robert Laffont), traducteurs (Christian Niemiec et Ludovic Manchette, Cherche Midi) ou kinésithérapeute (Jean Christophe Berlin, Le Sémaphore). Sans oublier quelques personnalités déjà connues du public. L'animatrice Cécile de Ménibus (Charleston), le directeur délégué de la rédaction du Figaro Magazine Jean-René Van der Plaetsen (Grasset), la journaliste Aude Lancelin (Les liens qui libèrent), l'essayiste et professeur de philosophie Raphaël Enthoven (L'observatoire) ou encore l'humoriste Roukiata Ouedraogo (Slatkine & Cie).

Les thèmes abordés dans ces premiers romans rejoignent ceux du reste de la rentrée littéraire française, aux prises avec le réel, les angoisses et les espoirs de notre époque. Marie Baudry met en scène les soulèvements populaires et le rêve d'un nouveau monde dans Ossip Ossipovitch (Alma), comme Aude Lancelin avec La fièvre (Les liens qui libèrent). Nicolas Rodier (Sale bourge, Flammarion) propose une plongée dans les racines de la violence d'un homme envers sa compagne, descente aux enfers amoureuse aussi chez Alissa Wenz (A trop aimer, Denoel) tandis que Marcia Brunier retrace dans Les orageuses (Cambourakis)la quête d'une bande de filles victimes de viol qui décident de se faire justice. Sans oublier deux romans générationnels, marchant sur les rails de Leurs enfants après eux, de Nicolas Mathieu, Prix Goncourt 2018 : Des kilomètres à la ronde, de Vinca Van Eecke (Seuil), et Le monde du vivant, de Florent Marchet (Stock). 

P. L.

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