RENCONTRE

Photo OLIVIER DION

Il y a d'abord eu les huiles essentielles, les antioxydants et les guides des prénoms. Puis sont venus les régimes - agar-agar, IG et Okinawa - et le développement personnel en entreprise. Implantées depuis dix ans dans la santé et le bien-être, les éditions Leduc.s se lancent aujourd'hui sur le créneau du roman féminin en créant la marque Charleston. Les premiers livres paraîtront début 2013 : Les roses de Somerset de Leila Meacham (18 janvier), La femme qui décida de passer une année au lit de Sue Townsend (22 février). Debbie Macomber, auteure pilier d'Harlequin, rejoindra Charleston avec La maison d'hôtes (15 mars). En septembre paraîtra le nouveau livre de Joanne Harris, Des pêches pour monsieur le curé, dans lequel on retrouve l'héroïne du best-seller Chocolat, que Charleston reprendra en semi-poche. Car il y aura deux formats : grand format autour de 20 euros, et semi-poche autour de 14 euros.

"Lors de mes voyages aux Etats-Unis, j'ai été intrigué par le succès de la romance. J'avais vu aussi les ventes extraordinaires d'Harlequin sur l'Ibook-store", explique Stéphane Leduc, directeur de la maison qu'il a fondée avec son père, Bernard, venu de chez Marabout. A Francfort en 2011, il retrouve l'éditrice Karine Bailly, qui avait travaillé pour lui avant de rejoindre First (1). De retour d'un long séjour aux Etats-Unis, elle lui propose le projet Charleston. «Nous nous sommes positionnés sur des livres plus littéraires que la littérature sentimentale jetable, tout en restant populaires. Ce sont des livres très forts au niveau des émotions, de grands destins de femmes."

Cette incursion en fiction correspond aussi à un développement de la maison, qui s'affiche à la 84e place dans le classement Livres Hebdo des éditeurs français avec un chiffre d'affaires de 3,4 millions d'euros en 2011, soit + 14 % par rapport à 2010. "Nous restons en positif pour 2012, mais ce sera notre première année sans croissance à deux chiffres. Le changement de TVA a posé des problèmes à tous les éditeurs, tout comme la période des élections. On se concentre sur 2013 et l'on vise un CA net de 5 millions d'euros", souligne l'éditeur.

Mais comment faire coexister romans, santé, business, régime ou humour (avec la marque Tut-tut créée en septembre par Karine Bailly) au sein d'un même catalogue ? "C'est cohérent : nous publions des livres pour mieux vivre. Que ce soit avec les huiles essentielles ou avec Charleston, je suis convaincu que l'on s'adresse aux mêmes lectrices. Les romans correspondent à un besoin d'évasion très fort", estime Stéphane Leduc, qui ajoute : "Nous publierons plus de 100 titres en 2013, nous avons donc besoin de structurer notre offre. Il faut créer des collections très fortes, des marques que l'on peut développer. Surtout que l'on utilise de plus en plus Internet pour promouvoir les ouvrages." Le catalogue sera donc réparti entre Quotidien malin, Zen business et Charleston. En attendant un nouveau projet dont il ne veut pas parler pour l'instant. «Un livre, ça se vend deux fois : en librairie et sur la table de chevet. Un livre qui a du succès est un livre qui se lit jusqu'au bout. Si on y arrive, les libraires et les lecteurs le savent et le recommandent. Nous faisons d'ailleurs 60 % de notre chiffre d'affaires avec le fonds", revendique l'éditeur.

« Producteurs d'auteurs ».

Avec la fiction, il espère aussi percer davantage dans les librairies indépendantes. Dans cette optique, il planche sur des animations à proposer aux libraires et a créé le poste de responsable des partenariats, confié depuis octobre à Sandrine Paccher. "Il faut aller au-delà de notre métier et faire le pari de l'attraction autour du livre. Nous devenons de plus en plus producteurs d'auteurs. Nous voulons les accompagner sur le long terme, beaucoup plus qu'on ne le faisait jusque-là, car ils sont la première marque éditoriale. Quand les auteurs deviennent une référence sur leurs sujets, nous les aidons à être présents sur les réseaux sociaux, à faire des blogs, comme celui de Danièle Festy qui accueille plus d'un million de visites. Cela peut générer du trafic et une activité en dehors du livre, sans cannibaliser les ventes." Pour le lancement de Charleston par exemple, des cours de danse sont proposés aux lectrices le premier lundi de chaque mois à Paris.

Mais placer l'auteur sur le devant de la scène implique aussi d'instaurer une relation plus transparente. "Aujourd'hui, nous avons presque quotidiennement les flux de données de nos diffuseurs, alors qu'il y a encore quelques années il fallait attendre l'inventaire de fin d'année pour savoir combien de livres on avait vendus, rappelle Stéphane Leduc. On ne peut pas continuer à payer les auteurs une fois par an, sans leur donner les informations que nous avons, alors que les sites comme Amazon sont capables de les leur donner tous les jours et de leur reverser des droits tous les mois."

(1) Voir notre portrait "En vue", dans LH 918 du 24.8.2012, p. 57.

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