Le manga numérique, c’est pour quand ?

"Les éditeurs japonais sont encore frileux pour les titres du fonds. Pour l’avenir, nous avons envie d’enrichir nos éditions numériques avec des pages inédites ou en couleur…" Iker Bilbao, Delcourt - Photo Olivier Dion

Le manga numérique, c’est pour quand ?

Pour lutter contre le scan-trad, ces planches scannées depuis les magazines japonais et traduites par des fans, le développement de l’offre numérique légale apparaît comme une solution. Mais sa mise en œuvre se heurte à de nombreux obstacles.

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Par Anne-Laure Walter,
avec Créé le 19.06.2015 à 02h03

La diffusion de mangas numériques en France se heurte à de nombreux obstacles techniques, ainsi qu’à une négociation délicate avec nos partenaires japonais. Mais à l’heure où nos plus vieux lecteurs s’équipent de tablettes, il faut suivre leurs habitudes de consommation et leur proposer du manga sur ces écrans." Suivant de près ces questions - il a même réussi à diffuser du manga sur les consoles Nintendo 3DS -, Grégoire Hellot, directeur éditorial de Kurokawa, annonce pour les dix ans de son label "une centaine de titres disponibles en numérique d’ici à la fin de l’année. Mais la clé pour l’avenir, c’est la simultanéité". "Simultrad" ou "simulpub", c’est la diffusion d’un chapitre de manga le même jour ou presque que sa publication en magazine au Japon. "Nous la testons pour L’attaque des titans depuis mars, et le lectorat, même s’il est encore restreint, semble satisfait : certains sites de scan-trad ont fermé depuis. Rien que cette nouvelle valide notre démarche.", se félicite Alain Kahn, président de Pika, qui reconnaît "un investissement très lourd, pas encore rentable, mais important pour la suite". La mécanique est complexe car, outre de convaincre des éditeurs japonais méfiants et pointilleux, il faut fluidifier les circuits de transmission des fichiers et mobiliser traducteurs et lettreurs en un temps record. "Après avoir lancé une application Naruto l’été dernier - qui ne s’est pas révélée idéale, notamment en raison du coût élevé des chapitres -, nous diffusons les chapitres de Naruto Gaiden en simultrad chez les e-libraires, indique Christel Hoolans, chez Kana. Cela demande beaucoup d’énergie, mais il est primordial pour un éditeur de proposer une offre officielle."

"A l’heure où nos plus vieux lecteurs s’équipent de tablettes, il faut suivre leurs habitudes de consommation et leur proposer du manga sur ces écrans." Grégoire Hellot, Kurokawa- Photo OLIVIER DION

Le groupe Delcourt, quant à lui, avance timidement sur le sujet. "Les éditeurs japonais sont encore frileux pour les titres du fonds, regrette Iker Bilbao, coordinateur manga du groupe. Pour l’avenir, nous avons envie d’enrichir nos éditions numériques avec des pages inédites ou en couleur…" En fait, les éditeurs japonais craindraient de dynamiter avec le numérique un marché du manga papier qui se stabilise enfin. Pour autant, les rares chiffres disponibles n’ont rien d’effrayant. "Les ventes numériques génèrent du chiffre d’affaires, mais cela reste anecdotique", confesse Mehdi Benrabah, directeur éditorial de Kazé Manga, qui pratique la diffusion d’une version numérique en même temps que la sortie papier. On parle, au mieux, de quelques centaines de ventes. Pas de quoi chambouler l’activité, pour le moment.

19.06 2015

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