« Aujourd’hui, mieux vaut exaspérer que ne pas exister ». C’est Teresa Cremisi, la PDG de Flammarion, qui le dit (dans le Monde des livres ). Elle parle d’or. Car à moins d’être spéléologue en excursion de longue durée dans le gouffre de Padirac, impossible d’échapper au coup éditorial qu’elle a ciselé en mariant Houellebecq et BHL sur une même couverture. Au fond, la gagnante de l’histoire, c’est elle : tout le monde salue le brio de l’opération, menée comme un débarquement allié sur les plages normandes. Après le lancement du Yasmina Reza, il y a un an, voilà l’essai transformé. Tous les auteurs, et ils sont légions, qui désirent d’abord qu’on parle d’eux, voudront désormais faire appel à ses services. « Les auteurs médiatiques ont compris que l’important n’est pas d’écrire, mais d’occuper le terrain », note Jean-Marie Laclavetine. C’est dans l’ Obs , et c’est surtout à propos de sa vieille copine Angot, mais l’adage vaut pour d’autres, à commencer par ce tandem improbable de faux ennemis publics. Car toute la presse est à leurs pieds, dans une belle unanimité (et souvent dans la désinformation, quand on lit, ici et là, que les libraires « se sont arraché » la mise en place de l’ouvrage, alors qu’on leur a plutôt forcé la main…). Y compris l’ Obs , qui publie les bonnes feuilles du livre, malgré tout le fiel que Houellebecq déverse sur ce journal en général, ses pages Culture en particulier, et Jérôme Garcin, qui les dirige, plus précisément. Quand on conchie les journalistes, « cher Michel Houellebecq » (comme dirait BHL), on va jusqu’au bout et on refuse les interviewes dans les journaux honnis, et on donne encore moins les bonnes feuilles de son livre… Comme le relève perfidement un lecteur du blog de Pierre Assouline (lequel est traité de « ténia » dans le livre), on touche ici à la « littérature à l’intestin ». Mais bon, assez parlé de ce « pavé des lamentations », comme l’a résumé Charline Vanhoenacker, dans Le Soir , de Bruxelles, et qui conclut : « Le coup marketing de la rentrée n’est même pas le livre de la semaine ». *** Le ténia, on le sait, avant d’infecter l’homme vit d’abord chez des « hôtes intermédiaires », principalement le bœuf et le porc. C’est le nouveau président du Sénat (dans la hiérarchie protocolaire, deuxième personnage de l’Etat) qui doit en savoir quelque chose : ancien vétérinaire, Gérard Larcher a aussi préfacé et écrit, nous dit Le Monde de vendredi, des textes de « Bestiaux », un beau livre (4 kilos sur la balance) de Yann Arthus-Bertrand paru chez La Martinière en 2006, dans, il faut le dire, une indifférence médiatique prononcée. Une remise en place s’impose d’urgence ! *** On ne sait pas ce qu’Amélie Nothomb pense du ténia. En revanche, dans VSD , elle avoue redouter une éventuelle pandémie de grippe aviaire, mais pense pouvoir y résister, et elle avance même qu’elle sera « la seule survivante ». Et comme on lui parle ensuite du Goncourt, qui lui échappe chaque année, elle ajoute : « L e Goncourt aussi, ça fait partie des microbes auxquels je survivrai ! ».

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