La Croix-Rouge a annoncé jeudi 7 juin le dépôt d'une plainte pour diffamation contre l'écrivain Yann Moix, qui l'accuse de tout faire pour que les jeunes migrants de Calais "ne soient pas considérés comme mineurs", des affirmations qu'elle juge "entièrement fausses", "insultantes" et "odieuses".
"La Croix-Rouge française va déposer aujourd'hui à Paris une plainte en diffamation à l’encontre de Monsieur Moix", a annoncé à l'AFP le directeur général de la Croix-Rouge française, Jean-Christophe Combe, confirmant une information d'Europe 1.
"Le plus grave (...) c'est l'évaluation de minorités par des institutionnels, la Croix-Rouge notamment, qui essayent de toute faire pour qu'un jeune ne soit pas considéré comme mineur, car s'il est mineur on est obligé de l'aider et de l'héberger", avait déclaré Yann Moix la veille, également sur Europe 1.
Dans Dehors (Grasset), longue lettre ouverte à Emmanuel Macron pour l'inciter à revoir sa politique à l'égard des migrants, Yann Moix ne cite pas nommément la Croix Rouge. Il écrit, à la page 103 :
"J’ai vu, monsieur le Président, porte de la Cha? pelle, des mineurs se faire « évaluer ». Pourquoi évalue-t?on la « minorité » des exilés ? Vous le savez bien. On évalue la minorité des exilés parce que le mineur a, légalement, légitimement, automatique? ment, sur le sol de nos lois, droit à la protection de l’État. Tout l’enjeu consiste donc, sur place, à protéger le moins possible, c’est-à-dire à rendre la minorité la plus rare possible, trichant avec les squelettes, biaisant avec les ossatures, chipotant sur les carnations, ergotant sur les dentures." Plus tard, à la page 119, il évoque le Dispositif d’évaluation des mineurs isolés étrangers (DEMIE), géré par la Croix Rouge, qu'il critique vivement.
"Des affirmations fausses"
"Ces affirmations sont entièrement fausses", "odieuses" et "insultantes pour notre organisation et les milliers de bénévoles et salariés qui au quotidien accompagnent les personnes vulnérables sur le territoire", a réagi Jean-Christophe Combe. "Car c'est la nature même de notre association de protéger et accompagner ces personnes".
Quant aux tests osseux pratiqués sur les migrants pour évaluer leur âge exact, critiqués par Yann Moix, "on ne les a jamais pratiqués" et "les avis qu'on rend sur l'évaluation de la minorité des jeunes sont faits sur la base d'un entretien réglementé", a souligné Jean-Christophe Combe.
"C'est de l'indécence et de la provocation" d'"instrumentaliser" la cause des migrants "dans le cadre d'une opération d'autopromotion", a regretté Jean-Christophe Combe.
"La Croix-Rouge peut me faire tous les procès qu'elle souhaite, ça ne me dérange absolument pas", a ensuite réagi Yann Moix sur BFMTV et RMC, ajoutant: "J'irai au tribunal tout à fait serein, et je défendrai jusqu'au bout l'iniquité qui consiste à savoir si quelqu'un a 17 ans trois quarts ou dix-huit ans".
Le sort des migrants mineurs, dont certains arrivent en France seuls et totalement isolés et démunis, est au cœur des discussions sur le projet de loi "asile-immigration" en discussion au parlement.