Les Français adorent la Foire internationale du livre (Fil) de Guadalajara, au Mexique, qui s’est déroulée du 29 novembre au 7 décembre. Son ambiance décontractée, ses soirées salsa au Veracruz, les rendez-vous fantaisistes des éditeurs mexicains et surtout leur enthousiasme. "Cette foire est tellement chaleureuse ! On sent un véritable intérêt de la part des éditeurs pour nos livres : quand on les rencontre, ils prennent le temps de regarder en détail notre proposition. En jeunesse, il y a une vraie envie de constituer un fonds et de traduire des titres pointus, sur la question du genre par exemple", raconte Laurence Faron de la maison Talents hauts venue pour la première fois prospecter au Mexique avec Ricochet.
Même constat pour Sophie Castille, représentante des catalogues de Mediatoon, Ubisoft, Dargaud, Le Lombard et Dupuis. "C’était le bon moment pour venir à Guadalajara car les marchés latino-américains sont en pleine croissance, constate-t-elle. Au Mexique, on sent un désir de diffuser des choses différentes et un esprit militant : les éditeurs veulent éduquer leurs lecteurs." Pour Bragelonne, qui vient depuis 2013, la Fil est devenu un rendez-vous incontournable. "Je ne pensais pas revenir l’an prochain, mais cette édition m’a convaincue du contraire. Les éditeurs ont beaucoup évolué en un an, ils se rapprochent avec de nouvelles pistes de développement et cherchent à se renouveler. C’est très stimulant pour les échanges de droits", explique Stéphane Marsan. Habituée des lieux, Anne-Marie Métailié considère Guadalajara comme l’une des foires les plus impressionnantes et vivifiantes, "où circulent les idées et qui crée un sentiment d’unité au sein de la langue".
La France y était représentée par le stand du Bief, qui exposait cette année 1 200 titres sur 80 m2. Il était tenu par Julieta Salgado, de la librairie française de Mexico. Cette année, la libraire a noté des tendances d’achats plus marquées en littérature, jeunesse et livres de cuisine. L’engouement pour les catalogues français et le succès d’audience des quatre auteurs présents à la Fil (Antoine Volodine, André Gabastou, Nicolas de Crécy et Thomas Piketty) ont montré que le travail de promotion de la création française, appuyé en grande partie par Raphaël Meltz, l’attaché culturel de l’ambassade de France au Mexique depuis un an et demi, porte ses fruits. C’est aussi vers la France que se tournent les professionnels dans leur combat pour renforcer leur réglementation sur le prix unique du livre comme en témoignait la présence du directeur du Bief, Jean-Guy Boin, à la rencontre organisée le 1er décembre à la foire.
Mylène Moulin
