"Nous nous inscrivons dans la continuité d’Ariane Fasquelle et de Pierre Demarty en publiant par exemple en octobre un recueil d’articles d’Umberto Eco inédits en français, mais nous souhaitons ouvrir le domaine étranger à d’autres horizons, d’autres langues et d’autres générations. Aux côtés des Anglo-Saxons, nous aurons des auteurs suédois, chilien, brésilien, allemand, néerlandais", annonce Jean Mattern. Depuis un an, il veille, avec l’éditeur Joachim Schnerf et l’assistante éditoriale Audrey Scarbel, aux destinées de la littérature étrangère chez Grasset. Après les nouvelles inédites de Francis Scott Fitzgerald parues en mars, ils feront leur première rentrée littéraire fin août en proposant aux lecteurs de découvrir le primo-romancier américain Baird Harper et Eivind Hof-stad Evjemo, un auteur norvégien jamais traduit en France.
Les vingt nouveautés de l’année s’inscriront dans une nouvelle collection, "En lettres d’ancre", avec une petite ancre pour logo, "pour jeter l’ancre dans d’autres pays, ancrer les auteurs dans un catalogue et une tradition Grasset", explique Jean Mattern. La célèbre couverture jaune de la maison sera recouverte d’une jaquette élégante, "la plus libre possible", dont l’illustration et la typographie varieront suivant l’univers de l’auteur. "Une collection permet aux libraires de reconnaître notre patte et les univers que nous allons développer. Cela montre la cohérence de nos choix", justifie Joachim Schnerf. Pour souligner l’importance de la traduction, une courte biographie du traducteur figurera à la suite de celle de l’auteur.
Le duo, qui a travaillé chez Gallimard, clame sa complémentarité et se répartit les tâches naturellement "en fonction de l’expérience du parcours et des réseaux de chacun". Il revendique une exigence littéraire, et un enthousiasme perçu par les agents et responsables de droits, "qui savent déjà ce qu’on a acheté". Il a remporté les enchères pour Fitzgerald grâce à une alliance avec Fayard, attend le prochain roman de l’Islandais Jón Kalman Stefánsson et a acquis l’événement littéraire de la Foire de Londres 2017, Fernanda Melchor (janvier 2019). "Il faut davantage de temps pour imposer un auteur en littérature étrangère qu’en littérature française, rappelle Jean Mattern. Olivier Nora [P-DG de Grasset, NDLR] nous le donne." Claude Combet