Graphisme sur-mesure

"Les relookings réguliers de collections sont nécessaires pour rester dans l’air du temps, mais nous travaillons aujourd’hui de manière moins figée."François Durkheim, Flammarion - Photo Olivier Dion

Graphisme sur-mesure

Entre rechartages de collection et éditions collectors, les directeurs artistiques des maisons de livres de poche innovent au service des univers d’auteurs.

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Par Marine Durand
avec Créé le 15.04.2016 à 18h30

En poste dans l’édition depuis quinze ans, Bénédicte Beaujouan, la directrice artistique du Livre de poche, a découvert avec "un regard neuf" le milieu du poche, lors de sa prise de fonction en novembre dernier. "C’est un secteur très créatif, qui se renouvelle sans cesse depuis une dizaine d’années pour toucher un nouveau lectorat." Depuis son arrivée, la maison a entamé le rechartage de sa collection à petit prix "Libretti", aux quatrièmes de couverture entièrement revues, mais aussi des "Classiques de la philosophie", dynamisés avec des couvertures graphiques aux couleurs franches. Dans le même temps, et juste après avoir coordonné le lifting du logo J’ai lu, François Durkheim, le directeur artistique de la maison, se lançait avec son équipe dans un cycle colossal de rhabillage des collections "Policier", "Document", "Littérature générale" et "Aventure secrète", pour finir en mai prochain avec les huit collections du département J’ai lu pour elle. "Les relookings réguliers de collections sont nécessaires pour rester dans l’air du temps, mais nous travaillons aujourd’hui de manière moins figée, et nous n’hésitons pas à décloisonner les chartes pour mieux identifier des univers d’auteurs", relève le DA, également chargé au sein du groupe Madrigall du graphisme de Flammarion. Ainsi, depuis le relooking de la littérature, tous les titres de David Foster Wallace bénéficient d’une typographie singulière mettant en valeur le nom de l’auteur, et le service artistique travaille actuellement à la création de "logos auteurs" pour distinguer la production de certains écrivains pour la prochaine rentrée littéraire. La logique, accentuée récemment chez J’ai lu, se retrouve d’ailleurs chez d’autres éditeurs. "Nous travaillons beaucoup sur les rechartages auteurs, à condition qu’ils aient un univers qui s’y prête", note la directrice du pôle poche d’Univers Poche, Carine Fannius, citant Haruki Murakami, Nick Hornby ou encore Frédéric Lenoir et ses "livres-compagnons à garder toute la vie". Le Livre de poche, qui a récupéré récemment le fonds Virginie Despentes, a choisi de retravailler toutes ses couvertures afin de créer un "effet collection".

Montée en gamme

Propice aux expérimentations les plus fantaisistes, entre jaspage fluo, paillettes et découpes au laser, la création des collectors pour Noël se tourne elle aussi vers le sur-mesure. Bénédicte Beaujouan note ainsi que "pour 2015, nous avons proposé des éditions innovantes avec une fabrication différente pour chacun de nos collectors. Chaque création est mise au service de l’œuvre et de son auteur". Plus généralement, l’attention apportée à la fabrication n’a cessé de croître, avec la montée en gamme du secteur, plus éloignés que jamais du "poche jetable". Chez Univers Poche, qui ne reprend que "rarement" les visuels du grand format, "tous les services sont présents aux réunions de couverture", J’ai lu préfère désormais faire appel à des "artistes photographes" plutôt qu’à des agences, pour créer des couvertures capables "d’attraper le regard, de surprendre ou d’émouvoir", et à l’éditorial de Points, on travaille de plus en plus avec le service fabrication, pour rendre "le livre format poche toujours plus attractif", détaille le directeur général Thierry Diaz. Qui conclut, la belle édition d’Abattoir 5 de Kurt Vonnegut en main : "Soigner l’objet, n’est-ce pas la meilleure publicité que l’on puisse faire pour nos livres ?"

15.04 2016

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