La collection a pour vocation de "faire entrer les femmes et les hommes de lettres dans le débat, en accueillant des essais en prise avec leur temps mais riches de la distance propre à leur singularité", explique Antoine Gallimard en préface de l’ouvrage. L’éditeur revendique une filiation avec les "Tracts de la Nouvelle revue française", l’appellation donnée à une série de courts textes engagés publiés dans les années 1930 sous les signatures d'écrivains tels André Gide, Thomas Mann, Jean Giono ou Georges Bernanos. "Nous nous inscrivons dans une tradition de la maison, qui accueille depuis longtemps des écrits politiques," indique Alban Cerisier.
Gallimard se réfère également aux ciné-tracts des réalisateurs soixante-huitards Jean-Luc Godard et Chris Marker, des courts-métrages militants de quelques minutes, vendus 50 francs hors des circuits traditionnels. "Dans ce cas le lien relève plutôt du format, et du mode de diffusion, puisque la collection en elle-même n'est pas alignée sur une idéologie particulière, précise le directeur éditorial. Cette période fait également partie de l'imaginaire politique de Régis Debray, dont le texte a servi de point de départ."
Dans un contexte d’érosion des pratiques de lecture traditionnelle et face "au règne de la communication, volatile et fragmentaire, Tracts fait le pari d’une troisième voie pour continuer d’alimenter la conversation nationale, explique l’éditeur. […] Toute culture dominante, à chaque époque, appelle sa contre-culture. L’écran numérique a besoin de contrepoints, pour ralentir et souffler."
Trois autres fascicules sont annoncés au printemps : Europe, mes mises à feu, de Erri de Luca (14 mars), un plaidoyer pour une Europe ouverte et humaniste ; Faute d’égalité, de Pierre Bergounioux (21 mars), un essai sur la contestation et les soulèvements populaires ; et Sans la liberté de François Sureau (25 avril), un texte alertant sur les nouvelles menaces qui pèsent sur les libertés civiques et individuelles.